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    Il s’agissait d’un couple au teint blanc, à la peau sans aucune ride. Il fixa le conducteur, un homme à casquette qui se retourna pour lui sourire. Il éprouva un choc en découvrant que ce n’était pas un véritable être humain. Plutôt une reproduction bien imité mais qui ne cachait pas son origine artificielle et synthétique. Bien au contraire, elle l’accentuait avec sa casquette tout droit sortie d’une panoplie de pompiste américain des années cinquante. Quant à sa compagne, on eut dit la réplique de Marylin Monroe. Pour l’homme cela lui rappelait un personnage plus précis encore. Happé par son interrogation il ne remarqua pas la métamorphose du décor. Le nom du conducteur lui brûlait la langue et l’accaparait entièrement. Il lui fallait de toute urgence résoudre l’énigme, ne serait-ce que pour libérer son esprit. Oubliant les évènements il s’accorda quelques secondes afin d’y parvenir. David Vincent;. Il fit à haute voix. C’est bien ça.. Je peux pas me tromper.. Le chauffeur opina et sourit d’un air complice avant de reprendre le contrôle de son véhicule. Joachim ouvrit alors démesurément les yeux. Ses traits furent saisis d’une grimace où se mêlaient stupéfaction et effroi. Découvrant des myriades d’étoiles et un horizon profondément bleuté. Le silence impressionnant le figeait. Il eut le sentiment d’une glissade infinie, suivie d’une accélération démoniaque. Pris de vertige il manqua de s’évanouir, les étoiles filaient autour de la cabine comme des balles traçantes. Il vit l’univers accélérer sa course jusqu’au délire, l’espace se courber en projetant des faisceaux de lumière sur ses Confins.. A cet instant il aurait voulu crier mais aucun son ne put quitter sa gorge. Quand tout se calma comme par enchantement. Il n’éprouva plus alors qu’une sensation de bien-être total. Le bonheur de se retrouver vivant au-delà d’un seuil infranchissable. Expérimentant le miracle absolu. Son Corps fragile et replet d’humanité plongeant dans le mystère des lois de l’univers sans se désagréger. L’impossible existait bel et bien. Quoiqu’il ne parvenait pas à définir l’aspect merveilleux de la situation. Ceci est le Monde.. Tel Qu’il Est.. Joachim.. Sa Vraie Nature.. Fit Atimaël en montrant de sa main ouverte. .. ..

                                   .. A Suivre

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    Alors Joachim.. On a fini par se rencontrer;. On finit toujours par se rencontrer, c’est écrit Nulle Part, mais il y a bien notre volonté qui veut ça.. Joachim Thanurion porta à sa bouche le verre contenant un liquide pétillant et frais. D’une couleur qui changeait constamment à la lumière, oscillant entre le bleu et l‘oranger. Excusez-moi.. J’ai une de ces soifs, je pourrais boire des litres.. Mais qu’est-ce que c’est cette boisson;. Vraiment très bon.. L’homme qui lui faisait face émit un rire amical.. C’est un mélange de plantes, feuilles et racines, je fabrique moi-même la base puis je rajoute.. De l‘eau.. .. Joachim cessa de boire conservant son verre à hauteur du visage.. Je continue à sentir la boisson en moi, je veux bien que ça pétille un peu, mais là .. Comment dire, c’est du gaz froid de la gorge à l’estomac.. C’est pas dangereux tout de même.. Rassurez moi.. Ca a beau être agréable, je n’ai jamais ressenti ça.. aussi loin que je remonte dans mes souvenirs. Non.. C’est plutôt bénéfique;. Régénérant je dirais, d’ailleurs je vais t’accompagner mon ami,. Joachim nota le ton sur lequel son interlocuteur s’adressait à lui. Eprouvant l’effet de retrouver un vieil ami. Quoique la sensation s’accompagnait d’un malaise indéfinissable. Comme s’il craignait de décevoir son hôte passé les premières minutes, et il se sentait faible et vulnérable. Le camping-car glissait sur une route déserte. Lisse et rectiligne. Un paysage dont il n’apercevait que des reflets fugaces. Ce qui aurait dû l’intriguer lui qui n’avait plus quitté sa ville depuis des années. Pourtant il s’en moquait. La silhouette de l’homme chauve l’accaparait. Attentif aussi à quelques détails surprenants comme l’ingestion de la mixture à base de feuilles et de racines. Ainsi tu as compris la première vérité, Oh.. ne devrais-je préciser.. une grande énigme de cet univers?.. Il but une autre gorgée et reposa son verre sur la table basse. Remarquant que l’objet restait parfaitement à sa place malgré la route. Je ne suis pas sûr d’avoir compris quelque chose.. Il fit. Cette vie m’a imposé;. Des épreuves;. C’est le mot qui convient.. Mais comme à beaucoup d’autres.. Je ne fais que subir. Tout le monde doit ressentir cela. Face à lui l’homme au long crâne chauve acquiesca gravement. D'un crâne bizarrement déformé à l’arrière comme il avait pu se rendre compte. Au niveau de l’occiput. Il sentit que son invité cherchait des mots pour continuer et il prit les devants. Nous avons tout le temps.. D’ailleurs nous espérons encore la venue de quelques amis. Mais tu peux bien sûr en attendant, déjà me poser toutes les questions que tu veux.. Joachim croisa les mains. Il découvrait une plénitude qui n’était pas une simple satisfaction, plutôt une liberté pouvant mener à un débat dont il serait le centre. Son esprit errait entre diverses séquences. L’une d’elle le ramena aux fondements de la philosophie. Le principe de réalité dans un univers interdisant l’expérience du Non Être. Puisqu’il s’agit de ça, l’envers du décor, Vous.. Vo.. Tu te souviens de cet échange que nous avons eu il y a environ.. Un mois.. Je me demandais A Haute Voix.. Si une machinerie était à l’œuvre dans cette époque, que pour ma part je qualifie d’étrange.. Un monde qui s’étouffe avec ses propre valeurs, et sans qu’on puisse rien y faire.. Il y a bien deux aspects de la réalité.. Celle que nous percevons.. Et celle qui œuvre, qui travaille à façonner le monde.. Je relis encore ton message.. Chaque Fois que nous Croyons ce que nous Voyons.. Il Il est Déjà Trop Tard.. N’est-ce pas Atimaël.. J’ai toujours aimé ton pseudo. Il lui sourit et réalisa qu’il n’avait jusque-là prêté aucune attention au décor. Atimaël parut anticiper sa curiosité. Il fit pivoter son siège dans le sens de la marche et Joachim aperçut à cet instant les deux silhouettes assises à l’avant du véhicule. ..



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    Il retrouva le ciel ténébreux. Grimaça et se dit qu’il allait attendre le dernier moment pour voir. Son rendez-vous n’allait plus tarder. Se demandant en quoi toute cette affaire le concernait. Logiquement il lui aurait fallu appeler les secours. Ce qui signifiait un tas de problèmes et peut-être des accusations sous un prétexte quelconque. Il ne parvenait pas à se décider et souffla encore. Ainsi il n’eut pas immédiatement conscience qu’un long véhicule gris ralentissait à sa hauteur. Pas plus que la monstrueuse voiture quelques secondes plus tôt, il ne l’avait vu sortir du tunnel. C’était un camping-car taillé comme une locomotive. Il avait l’allure des trains rapides au point que c’en était troublant. Un engin qui émettait un feulement doux et régulier. Quand il pila sur l’aire d’arrêt des bus il s’en échappa un souffle pneumatique. Celui de la porte latérale qui s’ouvrait. Son regard ne rencontra qu’une lumière aveuglante. Il avait beau cligner des yeux, il faisait tellement clair à l’intérieur de l’habitacle qu’on ne pouvait y distinguer quoi que soit. De toute façon il ne s’attarda pas et grimpa les marches très naturellement. Comme dans un rêve. ..

     

     

     



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    Pour la première fois il entreprit de fuir. S’activant comme un damné pour ramasser son vélo, l’enfourcher et se glisser sur la route. Malheureusement pour lui le passage piéton était en face. De son côté il n’y avait pas de trottoir et un mur de protection derrière l’abri bus lui barrait toute fuite. Il aurait voulu bondir sans attendre, oubliant même son précieux rendez-vous. S’il n’y avait eu tous ces engins qui partaient en rafales, de vicieux boulets de canon. Assoiffés de vitesse à la sortie de la gueule monstrueuse. Puis un dernier regard le glaçait. C’était un décor crasseux et paranoïaque, n’offrant aucune échappatoire hormis la route. Seulement il avait le nez sur une tronçonneuse. Un piège parfait et juste au moment où sonnait l’heure de pointe. Il pouvait parier qu’à la première semelle sur la route, ils le déchiquetaient. Le tunnel symbolisant pour son malheur, toute la violence universelle. Son gout de la chair fraîche. Il se surprit à jurer. Puis entre deux minibus il se décida sans réfléchir. A l’instinct. Cédant à une impulsion dictée par la peur et une colère assez inattendue. Oubliant en une fraction de seconde ce qu’il appelait Son Humanité Personnelle.. Une forme de stoïcisme secrètement cultivé et qui préservait croyait-il son vrai Moi.. Son restant de dignité. Une grille de valeurs intimes. Une morale silencieuse, revue et corrigée. Les dix commandements divins à usage d’un seul être fut-il noyé dans une foule immense devenue toxique. Cette notion d’homme seul dans les cohortes de semblables était son unique fortune. Pourtant les plus extrêmes renoncements ne suffisent pas toujours; Surtout quand la chance fait défaut. Il manqua de passer sous les roues d’un gros fourgon blindé, ne devant son salut qu’à un réflexe insoupçonné. Puis il vit les deux jeunes foncer sur l’avenue en se séparant. Ils venaient de profiter d’une brève accalmie et bondissaient comme des ressorts. Il y en aurait un sur sa droite et le second à gauche pour le cueillir. Furieux comme des loups et revanchards. Serrant les dents pour montrer que d’une certaine façon, ils se prenaient eux-mêmes pour les vraies victimes. La société les aurait trahis depuis que leurs géniteurs et tous leurs antécédents, se sont vus priver de leur juste place sur terre. A présent les bourreaux de leurs propres pères et mères, comme de tous leurs aïeux portent un visage. Celui de l’homme blanc occidental. La bête féroce éternelle qui fait régner sa loi injuste aussi loin qu’on remonte dans les siècles passés. Leurs yeux crachaient cette antique vérité alors qu’ils cavalaient au milieu du trafic en poussant des cris de colère. L'enculé d’sa mère.. On va l’niquer c’gros pédé.. Fonce Amehd avant qui s’barre c’fils de pute.. Speed.. putain; Attrap'moi le ce connard..  L’étau était implacable et sa gorge se nouait. Il pensa néanmoins qu’il allait se mettre en boule juste au bon moment. Ce qui est la meilleure technique pour amortir les coups mais à condition de ne pas rater son effet. Le risque étant d'aggraver la furie de l'attaque. Cependant il ne ressentait aucune envie de mourir. Conscient néanmoins que tout peut arriver une fois que ça démarre. Il lui fallait surtout éviter de se faire cogner le crâne sur un coin du trottoir. Se surprenant à évaluer ses chances d’en sortir vivant, il esquissa un sourire. Tablant sur un petit cinquante pour cent. Ce qui était encore jouable. Quand une espèce de bolide sombre, un monstre aux formes indistinctes, déboula comme une fusée. I’engin aux teintes brunâtres prit la courbe en embardée, se cabra au passage, coupant la trajectoire des jeunes, avant de s’enfuir dans un grondement de tonnerre. L’accident fut imparable. Les deux jeunes fauchés l’un après l’autre et dans la même seconde, se retrouvaient propulsés de l’autre côté de l‘avenue. Exactement de là où ils étaient partis. On entendit leurs corps s‘écraser au sol malgré le vacarme. Le premier se cassa en deux. Le second s’enroula autour d’un réverbère avant de tomber au ralenti. En un rien de temps tout était fini, mais on pouvait être sûr que les deux gars étaient morts. La violence du choc ne laissait aucun doute. Joachim stupéfait tourna la tête et constata incrédule que la voiture sombre aux formes titanesques avait soudain disparu. Envolée, volatilisée. Elle était devenue invisible dans la circulation. Tout était déjà redevenu normal et personne ne songeait même à s’arrêter. La ville n’avait rien vu, rien entendu, pas l’ombre d’un changement. Hormis les deux corps qui pouvaient passer pour des lascars cuvant un mélange d’alcool et de drogue. ..



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    Il gardait son regard fixé sur les deux types. Trépignants et rageurs. Les orteils tendus sur des starting-blocks. Jurant à n’en plus finir au passage d’une file interminable de camions. A leurs silhouettes sèches et nerveuses il mesura ce qui l’attendait. Une raclée à base de coups de pieds spectaculaires, de demi sauts périlleux plus ou moins réussis, de grimaces écœurantes quand on l’attraperait par les cheveux pour lui claquer la tête sur le trottoir. A force d’observer et de réfléchir il pouvait maintenant anticiper sur les comportements de la racaille. C’est un bestiaire qu’il gardait à l’esprit pour les situations d’urgence. Ayant plus ou moins défini les diverses catégories qu’il était susceptible de croiser sur son chemin. Il pensait s’en sortir plus facilement en adaptant ses réactions au cas par cas. Bizarrement il craignait surtout les gros. Avec leurs têtes lourdes. Le front droit et bombé, les jambes courtes, le verbe rare. Craignant instinctivement leurs coups de boule et le corps à corps étouffant. Une image qui à elle seule le tétanisait. Il se voyait alors dévoré vivant par un anaconda. Mais on rencontrait plus fréquemment la seconde catégorie. Ces jeunes frénétiques. Des tempéraments explosifs aux muscles noueux. Ceux-là avaient tendance à frapper en groupe ce qui introduisait un risque supplémentaire. Celui de l’effet de meute et du déchainement hystérique. De toute façon les victimes avaient rarement l’occasion de choisir leur sort, et le sien prenait une mauvaise tournure. Alors que ses agresseurs aient le profil de jeunes chats fous n’y changeait rien. ..

     



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