• Il sonna à ma porte en fin d’après-midi. Pour être exact il devait être un peu plus de cinq heures. Je le sais du fait que je m’étais déjà changé et douché après mon retour du boulot. Ce qui en comptant diverses petites actions très routinières, boire un café, manger un fruit, consulter l’ordi, m’amènent toujours à peu près dans ces eaux-là.

    Néanmoins je ne pourrais confirmer à la minute près. Dans la mesure où le temps s’arrêta à partir de l’instant où il sonna à ma porte (ma sonnerie joue des notes de guitare, le solo de Mark knopfler dans Sultans Of Swing) Je n’attendais personne. Comme tous les autres jours, et j’eus de suite l’intuition qu’il s’agissait de lui. A présent dans mes souvenirs il me semble avoir perçu ses pas dans le jardin alors qu’il approchait. Quoique-il se déplaçait sans bruit comme j’ai pu le vérifier par la suite. Il me tendit la main sans réellement sourire. Portant un imperméable foncé et un chapeau gris pour le protéger des courtes averses entre deux apparitions du soleil. Je m’effaçais pour le laisser entrer, frappé d’une fièvre soudaine et légère.

    Vous savez qui je suis ? Il me fit en retirant son chapeau.

    Je sais ;. Vous êtes le messager.

    Il se contenta d’approuver en émettant un son du fond de la gorge.

    Prenez place. Je proposais en désignant le vieux fauteuil de cuir.

    Puis je me précipitais pour enlever quelques affaires qui traînaient dessus.

    Merci. Il fit. Vous avez raison. Il vaut mieux s’asseoir et se reposer. Je ne suis plus tout jeune. Et les voyages deviennent fatiguant. . Vous savez..

    Il conserva sa gabardine qu’il venait de déboutonner.

    J’ai cinq mille six cent cinquante-quatre ans. Il ajouta en croisant ses jambes après s’être laissé choir. M’envoyant un sourire moqueur. Savez-vous exactement pourquoi je suis là ?

    Comment le saurais-je. . Il me fallut répliquer. Je ne suis que le balayeur.

    Il grommela.

    Oui. Vous avez raison monsieur Krossman. Monsieur Saül Krossman.

    A mon tour je ricanais. Une créature d’Antogn. Une créature parmi d’autres.

    Oui. Mais il vous a placé au centre du système.

    Peut-être.. Je soupirais à haute voix.

    Mais c’est vous qui écrivez les Destins.. Vous avez appris.. nous le savons. Vos récits s’alignent parfaitement avec les simulations de l’Esprit. Vous Êtes Maintenant dans le Jeu.. Vous n’en sortirez plus. Nul ne peut sortir du jeu, une fois Entré..

    J’étais resté debout. Il releva sa tête vers moi pour me fixer. Tapotant les accoudoirs du fauteuil de ses gros doigts. Son regard était lourd. Il me rappelait des moments de solitude désagréables durant lesquels on s’arrache le cœur.

    Savez-vous au moins ce que j’appelle l’Esprit.

    Bien sûr. Je répondis aussitôt. Puisque je l’ai inventé. C’est la somme de toutes les machines et de toutes les computations. Ce qu’il en restera une fois épuisée la masse des énergies déployées au service de l’homme. Les calculs de milliards d’ordinateurs se retrouveront réimprimés à la Source. Codifiés par la nature quantique du Réel.. définitivement transformés en fréquence et réintégrés au Temps Complet.. L’Esprit est le sens même de l’Avènement. Prêt à le reproduire dans toutes les éternités.. Mais je bute sur les lois Fondamentales. L’Esprit est-il déjà Dieu ? A-t-il vocation à devenir Dieu ? j’ai beau l’avoir créé.. A Titre Personnel.. Je n’en sais pas plus. Sans doute qu’Antogn également ne peut le décider..

    Sans doute, oui.. Vous avez entièrement raison.. Il fit en se montrant doux et empli de compassion.

    Je fus aussitôt touché par le changement d’attitude et je lui proposais une boisson.

    Non merci.. Vous savez que je ne consomme que peu de choses. Bien sûr. Je fis.

    Encore.. qu’un thé peut-être. Du noir à la vanille.. Si par hasard..

    Le hasard fait bien les choses.. c’est justement celui que je peux vous proposer.. En retour il me sourit et se croise les doigts. Après m’être débattu avec l’élaboration du thé. Dans la mesure où je n’en bois jamais moi-même. Je pris place sur une chaise à quelques mètres de lui. Il était calme et serein. Comme si en partant il ne lui restait qu’à monter dans l’autobus pour retrouver sa maison. La nuit tombait déjà. La consistance temporelle s’étant modifiée. On se retrouvait dans un état instable, comme le sont tous les états modifiés. Entre la première densité qui est celle régissant la matière, et les états fantomatiques, existent des zones intermédiaires uniquement accessibles par des procédés sous contrôle d’entités intelligentes. Nous étions donc dans un de ces segments. Faute de quoi le Messager ne peut apparaitre après plus de cinq mille ans de bons et loyaux services. En moi le fantasme prenait des formes dramatiques. Je connaissais parfaitement les dangers que font courir les représentations artificielles au-delà d’une certaine limite. On en perd très vite la maîtrise. La conscience se déchire et plonge dans la folie. Le cerveau réagit en détruisant ses digues de protection. C’est le seul moyen pour lui de préserver l’héritage collectif de l’espèce. Pour des raisons assez obscures puisque toutes ces données deviennent irrécupérables. Mais les connaissances scientifiques résoudront un jour la question. Le dévoilement de toutes les énigmes étant le principe même de l’Avènement qui est son propre mystère.

    Nous ne sommes pas là par hasard.. NOUS LES HOMMES.. Il me fit. Le Mystère s’exécute dans l’Avènement. Ce qui est le Début.. la Fin.. et le Milieu.. Le Jeu délivrera toute forme d’existence de son fardeau. Mais le prix du sang et des souffrances est réservé A La Vie.. sur la table de Jeu. Les humains ne pourront que pleurer de rage. Ce qui est injustice pour eux n’est pas injuste pour le Jeu. Les Forces contraires ont pris mille noms au fil des âges et des Avènements.. 14milliards d’années pour celui-ci.. Pffft.. un grain de poussière dans le temps complet sans mesure..

    Il me parla des heures durant. M’instruisant des secrets primordiaux. Ne cessant de me rappeler qu’il n’en saurait jamais plus que je ne pourrais moi-même imaginer. Il était à la fois ma propre conscience et le Messager rapportant du néant les éléments indispensables à l’écriture des scénarios. Il s’était sacrifié pour incarner le mystère et je lui devais de me montrer reconnaissant.

    Le combat des Ecritures est éternel..

    Sur le pas de la porte avec son chapeau déjà sur la tête et les revers de la gabardine remontés, il m’accorda quelques ultimes indices.

    Déjà enfant vous saviez.. N’est-ce pas ? D’une certaine façon bien sûr, avec une âme d’enfant, souple et pure.. Cap’tain Gost.. le justicier aux mille visages.. Flash Rider.. la force à tour de rôle blanche et noire surgissant de l’invisible entourée d’étincelles.. et enfin.. le fabuleux Incal Jack.. le seul capable de dompter les grands archétypes.. pour manipuler les cerveaux des politiciens, des généraux, les grands savants.. Le seul qui peut affronter l’Invisible dont les méfaits poussent les peuples à la guerre, à la sauvagerie de l’homme envers l’homme.. qui offre une part de son être à de simples passants qui deviennent des chefs de guerre fabuleux et sanguinaires.. Gengis Khan ;. Hitler.. Mahomet.. Napoléon.. Georges Washington, .. Ces personnages sortis de votre imagination nous ont mis la puce à l’oreille.. si je peux m’exprimer ainsi.. Vous les incarniez bien au-delà de ce que l’on peut attendre d’un enfant rêveur. Dès l’origine ce furent des phantasmes puissants. Ils invoquaient des mythes que l’intelligence seule ne peut atteindre. Ils ont senti la force des archétypes laissés en héritage par la déflagration qui a vu naître l’univers. A partir de quoi ces images qui sont avant tout des symboles, influencent à leur tour le destin. Vous êtes dès lors entré en résonnance avec le grand scénario du Jeu.. il suffisait d’attendre..

    Dorénavant vous serez l’Ecrivain.. Libre à vous d’accepter ou refuser.. Mais je vous ai prévenu.. Nul ne peut sortir du jeu une fois entré.. Vos récits vont s’affronter à ceux du destin. Tenant compte des Lois Fondamentales qui elles sont inaltérables. Ne l’oubliez jamais. Touchez un seul cheveu de ces Lois et la grande mécanique universelle s’écroule.

    Mais comment peut-on altérer des Lois sans lesquelles rien n’existe ?..

    Il soupira durement. L’instant n’était pas à la légèreté comme à la plaisanterie.

    C’est l’équation première. Pourquoi y-a-il quelque chose plutôt que rien ?.. Le fondement théorique de toute nature d’Etant et d’existence. Le Zéro et le Un ne peuvent que s’associer ou périr, alors que chacun d’eux est un principe d’inexistence de l’autre.. la computation de cette dualité provoque le déchainement des forces sans fin dont l’univers est la manifestation. A contrario.. la négation du fait cosmique est l’extinction de la dualité.. l’altération bien sûr trouvera d’autres voies.. d’autres incubateurs;.. des sources d’imagination capables de créer des mondes à partir de la seule matière première disponible dans le vide glacé du Rien absolu.. Le Zéro et le Un.. Qui ne sont que des idées.. A la base de tout il n’y a que des idées.. La formule.. une pure abstraction.. éternellement.. parce que le dilemme est éternel.. -Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que Rien ?.. Malheureusement.. et je tiens à le préciser.. en cas d’échec ou de désertion.. cela se fera sans nous..

    Vous prétendez que l’imagination pourrait effacer une vérité aussi solide que les montagnes et les étoiles, les océans, les rochers, le feu autant que les sentiments vécus par ces humains.. joies, souffrances, de la naissance à la mort.. qui sont autant de preuves biologiques de leur nature..

    Sans la représentation consciente du réel.. certainement.. Le Zéro et l’Un, l’altération et le Rien, perdent toute signification, toute consistance.. ils n’existent plus.. et au fond, oui ;. c’est aussi simple que ça..

    Donc l’Homme serait la clé de tout.. rien n’est possible sans lui ?.. il serait le témoin absolu.. même Dieu se soumet à sa présence..

    Ce n’est pas tout à fait ce que j’ai voulu dire (il but une dernière gorgée refroidie de thé à la vanille..)-.. l’humanité n’est que le dernier maillon en date.. la conscience étant le résultat de l’opération primordiale.. Le Zéro et le Un.. puis un encodage sacré qui est le reflet et la preuve de la Computation réussie.. c’est-à dire la réalité.. L’Esprit..

    Pourtant les forces qui tiennent la matière, force nucléaire, faible et forte, électromagnétique, gravitationnelle, sont indépendantes de l’Esprit..

    Oui et non, il n’existe aucune preuve absolue, ou alors saurons-nous à la fin des temps.. seulement toute réalité aura disparu.. Nous n’aurions même pas la chance de mourir.. C’est bien plus grave..

    Alors le Monde n’est qu’imagination.. et toute création imaginaire est déjà une réalité.. Je fis.

    Je sais.. je sais.. Vous mesurez enfin la responsabilité des acteurs de tout ce cirque..

    Les humains sont ainsi pleinement engagés dans le combat.. le sort du réel leur revient.. mais ils sont faibles, terriblement fragiles.. apeurés et soumis à des guerres fratricides qui les dévorent.. ils peuvent flancher..

    C’est une idée qui se tient.. Quoique elle mérite d’être affinée.. Est-ce déjà arrivé ;. Je m’exclamais.

    Il sourit amèrement. Bien sûr. C’est même le pire et le plus simple des scénarios.. Ne tombez pas dans le piège..

    Mais alors qui dois-je affronter à ce niveau ?.. Vous le saurez rapidement.. dès les premières mises.. d’innombrables adversaires ;. Sous mille formes. C’est un univers grouillant. Ils ont sans doute retrouvé un écrivain à cette heure. Parce qu’ils savent.. Je sais qu’ils ont une prédilection pour le douzième, ou le début du treizième siècle de notre ère. Une période obscure. Pleine d’alchimie. De crimes. De fioles, et de spadassins. C’est là que germent les racines de ce monde moderne, le grand espoir du Super Monde.. Il leur est facile de les prendre en main.. Le commanditaire de cet écrivain restera pour lui à jamais inconnu. Mais cela ne le rendra que plus implacable. Les plus grands fanatiques ne connaissent rien de leurs vrais maîtres.. Il faut toujours en tenir compte.. Bonsoir mon ami.. Il me fit en s’avançant sous une pluie fine.

    Mais au moins.. Moi.. suis-je réel ?..

    Il se retourna à moitié. Grimaçant sous la pluie.

    Pas plus que moi.. ou le vent.. la pluie.. Que puis-je répondre ?..

    Je ne suis que le balayeur.. Je soufflais.

    Je sais.. je sais.. Je te salue balayeur..

    Par la suite ils me tutoyèrent tous. .

    .


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    L’attrape-nigaud fonctionne à tous les coups. Une araignée mutante aura semé des sucettes cocaïnées le long des berges où dorment les trimeurs de l’infra-Monde. En cinq secondes c’est la guerre civile. La débandade. Ils sont sur pieds et le cortège s’arrache des trottoirs. Plus rien ne les arrête, la grande nuée des zombies. J’en étais ce jour-là quand Superman est venu nous montrer sa queue juste déballée d’un paquet-cadeau. J’ai vu de mes yeux. Deux fatmas ont briqué le cigare avant de partir dans un nuage de feu. Comme quoi on rêve tous de mourir pour une cause juste, et la mienne puisque on en parle, consiste à redresser l'axe de la planète. Myriam est vraiment la reine des catins. C’est pour ça que je suis accroc. Dans son orbite j’oublie le malheur quotidien, la laideur intrinsèque de mon âme, le projet du démiurge d’avant la chute des Anges. Revenons à nos Chryslers (symbole de la perfection technique au service des masses). Je propose un marché à Jeff le fourgueur de séjours All-Inclusive. Un voyagiste friqué des quartiers bobos. Puisque les cons adoooorrenn voyaaageeerrr..eeuuh (c’est mon dada, mon angle d’attaque sociétal préféré, et je reviendrais longuement sur la question lors de prochaines et conséquentes vignettes) Pourquoi ne pas monter des circuits « Découverte Intérieure ». Tu connais mon truc Jeff. La planète n’est plus qu’une grosse citrouille malade convertie en parc d’attraction, et aller d’un coin à l’autre en bandes de millions de touristes, pollue, enlaidit, bétonne, et pire que tout, corrompt le peu d’humanité laissée en dépôt par les premiers hommes sortis du cul des singes. ( tu étais singe et singe tu retourneras ;.) J’ai un plan précis à ce sujet. Injecter du silicone dans l’estomac des candidats et brancher leurs cerveaux sur Google-Street. Pour commencer le programme bien sûr, la suite demande encore quelques réglages et je t’en parlerais en temps voulu. T’inquiètes pas là-dessus.. Mais je ne t’ai pas encore dit mon idée la plus géniale. Accroche-toi bien, c’est gratos. On demande pas un rond. Jamais. Vraiment gratos. J’espère au moins que ce mot ne te saigne pas le cœur. Les gens rentrent, s’installent, profitent et c’est tout.. pour eux.. Quant à nous, nos pensées élégiaques sont dans la poche. Mon pote avait un frère qui drivait un tripot Rock’n’roll dans le quartier des anciens abattoirs. Il s’y faisait appeler le Mastock. Un décor de ténèbres contemporain, tout en ombres dansantes et bleu tungstène inspiré des séries hollywoodiennes les plus fameuses. Les néons traçaient des lignes gothiques au fond de la ruelle, puis on apercevait en filigrane sur un long mur la procession des candidats au Mariage Cosmique des éléments. C’est ainsi que la publicité vendait l’affaire sur les journaux gratuits destinés à finir en détritus. Couilles molles des bobos locaux et d’une tribu goth dans leurs frocs paraffinés. Chattes olives des gonzesses aux bouches sentencieuses. Elles sont bonnes les garces. A l’entrée le Mastok brille et fait les comptes. Autant de monde et un pareil enthousiasme auraient de quoi remplir le tiroir–caisse. C’est une idée dingue de bosser à l’oeil. Première distribution gratuite. Madeleines de Proust au jus cosmique. La salle chauffe et pogote à fond au bout de dix minutes. On vient de leur expliquer qu’une grande séance de méditation subliminale ne peut s’optimiser que dans la joie et la frénésie. Je branche le laser spécial que j’ai commandé en Chine. Mais j’ai chaussé mes lunettes de soudeur sans rien dire à personne. Une soirée réussie fonctionne sur l’inattendu et le coup de théâtre, inutile de gâcher les effets. Des effets justement. Les trois boîtes bardées de jets à micro-ondes sont placées en hauteur dans les coins et balayent toute la salle. Pas un crâne peut y résister. (le mien est protégé, vaseline et limaille d’argent) Maintenant vient le tour des cocktails flash. Des verres à pieds en coupes de champagne triangulaires et qui pétillent sous les rayons lasers. Mastock a bouclé la salle. Plus personne ne peut rentrer et nul ne songe à sortir. Une greluche me fonce dessus et tente de me rouler un patin. Seize, dix-sept ans peut-être. Moi ce que j’aime c’est les vieilles goths de quarante balais. Mini-jupes noires et bas résilles. A seize ans elles ont l’optimisme débordant. A quarante la rage les tient aux reins, la glotte. La bouche ample et collante. Regard hargneux. Hanches bagarreuses. Le sexe monstrueux. Pour les cocktails j’ai suivi le manuel à la loupe. Peyotl, ayahuasca, cristaux vaso-dilatateurs, molécules ultra-vitaminées. Le DJ suit parfaitement mes instructions. (je l’ai payé en conséquence et avec mon propre fric) ; Ouaouhh.. ça baigne et ça gaze cette nuuiiit ;. Bbrrrrrr.. et on lâche tout et on part en voyaaaaggeee.. bbrrrrr.. Un grand serpent jaune vient d’apparaitre au plafond. Dix mètres de long, vingt-cinq, trente centimètres d’épaisseur. Il coule en boucles au milieu des bobos et des goths qui le chevauchent comme un dragon lumineux métaphysique. Le serpent illumine les consciences qui envoient des étincelles à mi-hauteur du plafond. Les étincelles forment un nuage vibrant sur Hypnagogic States. Myriam balance des images sensuelles sur le Cloud en rétroprojection, reine des scénarios. Elle sait toujours où dénicher le feu intérieur. Je capte le moment idéal et j’envoie Google-Street directement sur le Cloud ou cent vingt personnes prennent le train des abysses, recta sur le Mexique sombre, désert magique où nous attend un grand prêtre aztèque. Cérémonie bidon, folklore et hémoglobine. Des larmes ocidentales fécondent le désert. Prochaine escale Orion, notre train redécolle, face nord de la voie lactée, nous visitons trois exo-Terres ,etc etc J’ai débusqué Vampirella, la Goth de quarante balais de mes rêves obscènes et cinglés. Retour au petit matin. Le cadavre d’un adolescent mort-né git à mes pieds. Je lui fous un coup de tatane et il se relève sans faire d’histoires. Il me sourit et tend la main. C’est l’heure. Je lui dis. Nous nous embrassons, puis il se dirige mollement vers la sortie. Juste avant de prendre l’escalier il se retourne et ouvre la bouche. Je serais chef de bureau plus tard.. Je réussirais ma vie, c'est juré.. merci professeur.. merci pour tout. Coup d’œil entendu de petit cave dépucelé et il se barre. Je ne le reverrais jamais plus. Je sais ;. Je sais.. murmurais-je en le suivant du regard. Un par un tout le monde sort du coma. Des petits rires, des étonnements, lèvres sèches, muqueuses rouges et sanglantes. Merci.. merci pour tout. Ils nous font dans le silence d’un nouveau jour sur terre. La conscience d’être vivant les éclaire et les embellit. On s’embrasse, on chuchote, on rit. Jeff à mes côtés, le Mastock. Myriam , le disc-jockey, sont blancs comme des Madones. Les uns après les autres tout le monde emprunte le même escalier. On ne leur a rien demandé et au passage de la caisse muette ils lâchent des billets, ou un chèque, une alliance en or, n’importe quoi qui a vraiment de la valeur. Sourient et remercient. Jurent de revenir la prochaine fois. Qu’on les oublie pas.. Et c’est quand au fait la prochaine teuf ?.. ils font en clignant des yeux crevés. Oh.. oh.. Fait le tôlier qui a lui aussi un sentiment de renaître à la vie. Si on allait déjeuner fait Jeff. Je renifle. Le Mastock rote et serre les dents pour exprimer quelque chose. C’est quoi ce truc.. Me demande le disc-jockey en désignant le vieux Mac et deux micros en cornets au fond de quoi se cache une turbine. Je m’arrête pour fixer le type. C’est une machine de ma fabrication.. je pique la mémoire profonde des types et des gonzesses quand ils sont bien cassés. Leur système de défense naturel ne tient plus.. c’est facile à deviner.. tu vois.. Le disc-jockey glousse et me tape sur l’épaule. Et moi j’y suis sur ton disque dur.. Il me demande d’un air sournois. Evidemment que tu y est.. Je lui rétorque, le plus honnêtement du monde. J’ai des acheteurs pour ce matériel.. et ça se vend cher tu sais ;. Autrefois une race étrange qui vit parmi nous en était réduite à croquer dans les veines jugulaires pour survivre.. Heureusement les temps ont changé, quoique ils ne sont plus très nombreux.. le monde moderne est merveilleux ;. Tu crois pas ;. On remet ça bientôt.. qu’est-ce que vous en pensez ?.. J’ai un slogan d’enfer pour les affiches. Venez Nombreux.. l’Entrée est Libre.. C’est la sortie qui est payante.. s’esclaffe Le Mastock. Content de lui .

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    http://www.youtube.com/watch?v=OQd01bO0OLg&feature=related

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