• 1.22

     

    Il gardait son regard fixé sur les deux types. Trépignants et rageurs. Les orteils tendus sur des starting-blocks. Jurant à n’en plus finir au passage d’une file interminable de camions. A leurs silhouettes sèches et nerveuses il mesura ce qui l’attendait. Une raclée à base de coups de pieds spectaculaires, de demi sauts périlleux plus ou moins réussis, de grimaces écœurantes quand on l’attraperait par les cheveux pour lui claquer la tête sur le trottoir. A force d’observer et de réfléchir il pouvait maintenant anticiper sur les comportements de la racaille. C’est un bestiaire qu’il gardait à l’esprit pour les situations d’urgence. Ayant plus ou moins défini les diverses catégories qu’il était susceptible de croiser sur son chemin. Il pensait s’en sortir plus facilement en adaptant ses réactions au cas par cas. Bizarrement il craignait surtout les gros. Avec leurs têtes lourdes. Le front droit et bombé, les jambes courtes, le verbe rare. Craignant instinctivement leurs coups de boule et le corps à corps étouffant. Une image qui à elle seule le tétanisait. Il se voyait alors dévoré vivant par un anaconda. Mais on rencontrait plus fréquemment la seconde catégorie. Ces jeunes frénétiques. Des tempéraments explosifs aux muscles noueux. Ceux-là avaient tendance à frapper en groupe ce qui introduisait un risque supplémentaire. Celui de l’effet de meute et du déchainement hystérique. De toute façon les victimes avaient rarement l’occasion de choisir leur sort, et le sien prenait une mauvaise tournure. Alors que ses agresseurs aient le profil de jeunes chats fous n’y changeait rien. ..

     



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