• 1.3

     

     

    D’abord il lui avait fallu redéfinir des notions qu’il savait dangereuses. Le terme de « races » appliqué à différencier des groupes humains étant banni du langage. Nul ne peut aujourd’hui ignorer où peut mener cette hérésie. Partout en Occident des officines sont chargées de contrôler les déviances de toutes sortes concernant ces faits. Alors qu’il existe bien une race noire. Grand et vieux peuple voué à une sorte de compassion militante de la part de l’occident. Et ce depuis… plusieurs dizaines d’années. Seulement il n’existe pas de race blanche. Toute affirmation sur ce thème, fut-ce à vocation purement utilitaire, se voit taxée de racisme. Or des lois cinglantes encadrent la sémantique raciale. Les anti racistes livrent une chasse sans merci à un ennemi supposé fantôme. Forcément, l’objet du délit ayant été déclaré inexistant. Mais dans ce domaine l’intention compte autrement plus que la réalité. La loi d’ailleurs s’est chargée de le prouver. Coupant court aux spéculations alimentées par quelques malins et les derniers irréductibles. Une science officielle a vu le jour et se trouve maintenant chargée d’apporter les preuves irréfutables. Ainsi la science a déclaré que nous sommes tous « des enfants de l’Afrique ». Les blancs et les jaunes au même titre que les noirs. Mais l’idée qui traverse toutes les considérations scientifiques est bien celle-ci. Les noirs possèderaient une légitimité particulière du fait de leur droit de propriété sur la terre des origines. Confusément, Joachim s’était mis à douter de ce qui lui paraissait un montage épousant trop bien le dogme mondialiste. Il y voyait à l’œuvre ce qu’il nommait    «Les forces Obscures ». ..

     

     



    votre commentaire
  • 1.2

     

    Tout était parti de sa propre vie. D’une personne réelle. L’être en chair et en os possédant une identité reconnue par les registres officiels. Il n’était pas question pour lui d’adaptation psychologique ou littéraire dans sa vision du monde. L’existence avait posé des marqueurs sur son destin. Il lui suffisait d’avoir appris à les déchiffrer. La souffrance qui l’accompagnait semblait d’une intensité toute relative, dans la mesure où il était bien vivant et ne souffrait pas de maladie grave. Pourtant les faits mis bouts à bouts n’étaient rien d’autre qu’un cauchemar. Puis petit à petit, dans ce cauchemar il avait commencé à identifier les germes d’une guerre absolue à l’échelle des peuples. Plus encore. La Race Blanche était menacée dans son essence. Vouée à subir l’assaut de vagues d’immigrations dont la logique était inconcevable. La conquête de territoires n’étant que le moindre mal. Le projet étant bien plus vaste. La Race Blanche devait y perdre son âme. Ce qui en soi n’est pas si grave dans un monde qui prétend devenir un simple village. Seulement la destruction est à sens unique. Les africains restent des africains. Les chinois des chinois. Les arabes, des arabes. La production humaine de ces différentes races étant protégée par des réflexes de défense naturelle solides et une natalité à toute épreuve. La Race Blanche par contre est sommée de se métisser à toute vitesse ou dépérir en peuple de vieillards obscènes. Elle n’aurait plus de raison d’être. Comment en sommes-nous arrivés là ? Il s’était demandé des milliers de fois. ..

     

     



    votre commentaire
  • 1.1

     

     

    Ce fut comme une boule de feu. Une bombe incendiaire qui lui aurait traversé le cerveau. Joachim scrutait l’écran en espérant bêtement que l’information pouvait être démentie. Toute la farce serait dévoilée dans moins de quelques secondes. Le secrétaire général de l’ONU continuait son discours en voix off. Mais les propos de la commentatrice ne laissaient aucun doute. Le grand projet mondial annoncé et reporté depuis plus d’un an venait d’être proclamé. La nouvelle répartition des populations terrestres allait être mise en œuvre à partir des plans votés à la majorité par les 202 pays signataires. Joachim pâle à faire peur chercha une chaise en tremblant. Il avait évalué tous les scénarios depuis que l’idée surgie de nulle part finit par s’imposer au monde entier. Pourtant son vertige relevait de composants d’une trivialité innommable. Le genre de honte qui affecte un homme sans qu’il puisse seulement se plaindre. « Les Forces Obscures », comme il les appelait, avaient mis au point un procédé de destruction massif, jusque-là inconnu de l’humanité. Une arme génocidaire faite de railleries et d’opprobre, de lois et de discours, de menaces et d’admonestations, de culpabilités et de terreur physique, de pourrissement et d’extinction. Il avait déjà trouvé mille mots qui décrivaient ses sentiments. Simplement aucun d’entre eux ne rendait compte de l’impression d’étouffement qui le tenait du matin au soir.  ..

     

     



    votre commentaire