• De Chair et d'Esprit

    Il se peut que nous soyons parfaitement seuls dans l'univers. Comme beaucoup d'autres j'ai pour des raisons que je qualifierais de technique, imaginé et accepté l'existence d'une multitude d'espèces étrangères. (Aliens..). A présent je doute. Ce qui ne signifie pas que j'abandonne l'idée de recourir à ce subterfuge si pour ces mêmes raisons techniques, la liberté créatrice apportée par cette dimension s'avérait profitable ou indispensable. Cela relève du roman et de l'artifice certes mais quand on a effleuré comme je crois l'avoir fait, l'extrêmement fine membrane séparant la réalité de la vérité, ce genre de contradiction ne gène plus du tout. Comme je l'ai déjà prétendu, le dévoilement du mystère se révèlerait bien plus étrange que le débarquement d'une bande de petits monstres verts sur le gazon de la maison Blanche. Je le dis aussi facilement que ça dans la mesure où je ne ressens aucun doute avec cette vision. C'est ma Croyance, une pensée cartésienne à cent pour cent qui ne m'est pas tombée dessus un matin au réveil. Bien sûr aussi je sais que notre position humaine dans cette réalité, notre Incarnation, ne permet pas d'envisager un destin mirifique. L'être humain, dans la mouture que nous connaissons, est voué à l'entretien laborieux de sa carcasse corporelle et à la misère mentale. Alors autant prévenir de suite, cette affirmation qui va suivre va paraître curieuse. Nous sommes le chaînon le plus noble au regard du mystère, et voici mes arguments.

    D'abord il faut s'accorder sur le sens des mots. Si on considère la noblesse comme un état de fait, forcément la vue des petits êtres chauves et tordus de l'actuelle vieillesse a de quoi faire frémir. Seulement imaginons un processus constant de progrès tel que nous l'entendons en occident. D'un coup là on se transporte à cent mille ans d'ici. Pourquoi cent mille ans, mais au Diable l'avarice, et je met un million d'années sur la table. Est-ce suffisant pour illustrer cette affaire. Parce que je peux proposer dix ou cent millions d'années aussi bien. Ce ne sont que des chiffres évidemment, mais d'une réalité en béton, et il faut bien l'entendre. Cent millions et pourquoi pas mille MILLIARDS d'années sont aussi logiques que un plus un font deux dans les cahiers d'écoliers d'aujourd'hui. Si on peut égrener soixante secondes et compter une minute, tous les autres chiffres sans exception sont valides. La seule limite est celle imposée par l'appareil cérébral actuel et sa proximité organique avec le monde animal que nous avons surpassé il y a quelques heures seulement en termes de distance parcourue. Distance égale temps depuis la grande fragmentation du grain de riz des Origines. On me rappellera que d'ici là cet univers aura largement au le temps de se re-comprimer. Et moi je rétorque que c'est sans importance. Cet épisode n'étant qu'un parmi d'autres dans l'Infinie Respiration du Mystère. Une palpitation monstrueuse à notre échelle, mais imaginez simplement ce que doivent ressentir les microbes inhalés et exhalés à chaque bouffée d'air du plus insignifiant petit homme de la Terre. Leur perception de la réalité est toute aussi terrifiante et s'ils connaissent une forme de conscience, et pourquoi leur interdire d'office pareille faculté, nous pouvons parier que l'anodine respiration porte le nom de Big Bang en langage de microbe. Donc cet être fragile et auto destructeur (Pour quelle raison?..), traversé de pulsions incontrôlables et si proche encore de la bête avec son corps organisé autour d'un long tube digestif, aurait la prétention d'affronter le mystère muni de son seul esprit empli de fables et de légendes de toutes sortes. Mystiques, scientifiques, morales, historiques.. Puis surtout au temps de vie limité et ne lui laissant comme seule alternative que de passer le flambeau à toute vapeur de générations en générations pour ne pas voir s'éteindre la flamme de l'humanité. Inutile de renforcer cette dernière avec le terme de civilisation, point de civilisation en dehors de l'humanité et vice-versa. Cet être occidental ferraille déjà au cœur du mystère, avec sa panoplie de chair et d'os frappée de maladies qui ne tiennent aucun compte de la valeur du trésor recélé dans cette boite crânienne à l'allure grotesque une fois désossée. Retrouvons la vie dans cent milliards d'années. Parce que je ne veux pas douter une seconde, elle traversera cette parcelle d'éternité. Est-il possible d'imaginer les descendants des formes vivantes que nous connaissons toujours empêtrés dans nos carcasses de viande. Soyons sérieux, qui peut prétendre pareille incongruité. La différence entre Notre Descendance et nous mêmes sera bien plus importante que celle qui nous distingue des amibes de la soupe originelle. L'Esprit alors sera électrique, quantique, composition d'ondes et de forces certainement inconnues à l'heure où j'écris ces phrases. Cette mouture de l'humanité comme je ne cesse de le répéter, est pitoyable, mais elle lutte à armes inégales et avec un courage incroyable contre une réalité dont le sadisme jamais pris en défaut fauche les générations les unes après les autres, les arrachant à la lumière sans leur offrir l'ombre d'un début d'explication. Cet homme contemporain doit tout faire, vivre, procréer, organiser, et surtout préserver un minimum de forces malgré le poids de sa propre existence, pour démonter et dévoiler, décoder et déterrer les secrets dans lesquels il baigne comme un rat pris en cage. Nous sommes déjà sur la ligne de crête, animal puant et pétant, avec l'esprit tourné vers le sublime divin. L'horrible souffrance de la bête qui connaît son sort sans aucune contrepartie et obligée de s'inventer des contes qui reconnaissons-le, sont parfois à dormir debout. Laissant aux fous et aux malins le privilège d'entendre les vérités en plein désert pour les revendre aussitôt après à des masses éperdues de gratitude. Prêtes à se prosterner et honorer ces élus comme le Mystère lui même. Si je dois éprouver de la compassion, je la réserve à cet homme mi bête, mi Être, déboulant juste après le singe dans la chaîne du vivant, à jamais hanté par son propre mystère sur le chemin des étoiles et de la vraie libération. Le besoin de Dieu est une preuve absolue d'humanité, irréfutable, et renvoit le singe à ce qu'il est, un animal proche et sympathique à la peau sombre et couverte de poils, capable de singer l'humain parfois au point de nous toucher, mais il ne connaîtra jamais la vraie souffrance, qui est le message du Mystère réservé à la seule créature qui fut capable d'émerger du chaos. Un être honteux certes et comment pourrait-il en être autrement, quand l'esprit commence enfin à s'élever, se détacher j'ajouterais, du tube digestif. Ce qui l'oblige à se contempler tel qu'il est, violent, excité, menteur, égoïste, vénal, engoncé dans les innombrables besoins de sa chair pourrissante, alors qu'il sait déjà que cet arsenal de pulsions et les butins engrangés ne le sauveront pas de son horrible destin. Riche ou pauvre il crèvera dans l‘épouvante, ce que les singes et tant mieux pour eux, ignorent. Pour en revenir à ce que je disais au début, l'existence de races étrangères sur d'autres galaxies ne me paraît plus du tout aussi probable malgré les explications s'appuyant sur les myriades de planètes et d'éventuelles lois de probabilité. Si nous possédons un destin, nous irons le chercher au sources de notre humanité et de toute façon l'étonnant capharnaüm peuplant notre planète ne peut être qu'unique. Je n'arrive pas à croire qu'un pareil bordel puisse se reproduire deux fois dans une même éternité. Plus précis encore, je commence à soupçonner que la conscience est bel et bien le résultat de cet environnement étrange et fragmenté.. Comme le grain de riz des origines.. Dynamité il y quatorze milliards d'années par le sublime Big Bang.. Ou autre chose...

     

    La question de Dieu suivra....


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