• Les Humains - Terra Incognita - Les Gens d'Habram

     Une lumière rouge épaisse comme une vapeur emplissait le vaisseau. Il n'y avait pas un interstice qui lui échappait. Mais cette vapeur n'avait rien d'humide. Elle était sèche même comme le sable des déserts. Ce n'était d'ailleurs pas de la lumière, mais une illusion, l'effet des moteurs qui permettaient à toutes les matières composants ou se trouvant à l'intérieur du vaisseau Terra de ne pas se désintégrer et disparaître dans le néant de l'autre monde. La dimension inexplorée qui résistait depuis le commencement à toutes les tentatives d'effraction. L'envers du décor, la machinerie régissant la première des lois. La gravité universelle.

    .....Les Êtres Humains étaient les seuls à dominer cette force, fournie par la frontière, entre les deux mondes, même s'ils ne parvenaient toujours pas à revenir de l'autre côté, toutes les tentatives s'étant soldées par la disparition définitive des explorateurs. Ces derniers mourraient sans espoir de retour, sombraient dans le même anéantissement que les premiers êtres sans défense apparus dans toutes les galaxies. Pour les Humains provenant d'un monde qu'ils appelaient Planète Mère, il était question selon les livres, d'une histoire dont ils nommaient curieusement préhistorique la première époque, quand les légendes se mêlaient trop intimement à la vérité pour porter le nom d'histoire. Mais dans le futur lointain et indéfini on ne se préoccupait plus d'histoire, et eux-mêmes ne s'étaient jamais réellement souciés de connaître le passé véritable de l'espèce. A ce titre ils ressemblaient à toutes les autres espèces conscientes de l'univers. Ils vivaient et mourraient sur la scène, dans la fuite à vitesse infini des murs du monde vivant, qu'ils nommaient le temps. Ils avaient appelé Terra, lui donnant le nom de la planète mère comme la nommaient les écritures, le vaisseau qui les transportait à la vitesse absolu vers les confins de l'univers fuyants comme des mirages. Terra avait la taille et la forme d'une petite lune. Rond et gris. Il ne possédait pas d'avant ou d'arrière, de dessus ou de dessous, mais avait un pôle sud et un pôle nord, et avait été partagé en cinq continents. Comme il était écrit sur les livres. Il était peuplé par exactement 11592 unités humaines. Le seul but de l'expédition était de récupérer l'ensemble de la communauté dispersée sur de nombreuses planètes et plusieurs galaxies, et retrouver enfin la planète mère pour assurer la survie de l'espèce et réunir assez de forces pour affronter les Rox, devant lesquels ils fuyaient désespérément. Ceux-ci étaient leurs pires ennemis, et reprochaient aux êtres humains d'avoir corrompu le monde, qui était la partie connue de l'univers, avec leur civilisation pacifique et fraternelle. Comme ils percevaient ce curieux comportement pour eux qui consistait à se mélanger avec des êtres étrangers et totalement différents sans chercher à les asservir ni même leur faire la guerre. Ce qui rendait ainsi le monde rebelle et difficilement gouvernable. Les Rox avaient aussi un autre but, s'emparer de Terra et percer le secret de la vitesse absolue, la Frontière, qui pourrait les rendre invincibles et leur permettrait de coloniser des groupes galactiques hors de portée de leurs vaisseaux propulsés par la fusion des crénons, les particules négatives du vide galactique. Ils craignaient aussi que leur espèce ne découvre jamais seule les secrets de l'autre monde. Tous les calculs théoriques prévoyaient un écroulement brutal de l'univers à la fin de son expansion. Le programme était selon les humains déjà écrit dans la mémoire de toute chose vivante, et la seule et unique clé pour éviter l'anéantissement était de percer le grand secret, au delà de la frontière. Les Rox étaient avant tout des conquérants et des guerriers fanatiques. Leur force vitale ne les poussait pas vers les vertiges scientifiques, et ils se contentaient de vaincre et ruiner les autres espèces rencontrées dans leur galaxie ou d'autre proches. Ils voulaient capturer les humains pour asservir les plus doués d'entre eux, leurs savants, qu'ils enfermeraient dans des prisons laboratoires. Bien sûr ils massacreraient le reste de la communauté qu'ils jugeaient néfaste et inutile. Enfin les Rox n'avaient aucun Dieu à honorer. Leur civilisation n'avait secrété aucune forme de religion ou rite sacré, ni croyances et mêmes légendes. Ils n'éprouvaient aucun intérêt pour leur propre histoire, ne se connaissaient pas de mythes. Les humains n'avaient jamais rien rencontré de tel dans leurs longs périples. Entre ces deux espèces une course contre la mort s'était engagée, et il n'y avait aucune trêve, accord, ou compromis possible.


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