• Mercedes600 (1)

     

    Roger Wilfried se dirigea vers le quatrième étage du parking aérien. L’ascendeur grinça juste avant de voir les portes s’ouvrir, et au même instant son malaise s’accentua. Une sensation qui ne le quittait pas depuis dix ans. Mais il lui sembla alors que sa vue se brouillait. Un symptôme inconnu jusque là et qui ne fit que renforcer l’étrangeté de son histoire. Il chercha une fois de plus à se convaincre qu’il était le jouet d’une suite de malentendus. Une énigme au fond sans réelle importance. Un truc de fou qui allait s’expliquer assez facilement d’ailleurs. Cela ne pouvait qu’arriver un jour ou l’autre et autant dire qu’il y trouverait de quoi rigoler pour le restant de sa vie.. N’était-il pas après tout le vrai bénéficiaire de la situation. Etant souvent le premier à reconnaître qu’il en profitait pas mal après tout. Seulement l’angoisse le gagnait malgré sa raison et prenait des proportions inquiétantes certaines nuits. Le quatrième étage bénéficiait d’une protection accrue contre toute forme d’intrusion extérieure. De nombreux véhicules de luxe y stationnaient. Des Porches voisinaient avec des Ferrari, des BMW y côtoyaient des Maserati, et même une Bentley décapotable patientait gentiment en attendant le retour de sa riche propriétaire. Mais si on pouvait dire d’une voiture qu’elle impressionnait plus que ces belles mécaniques, c’était bien en découvrant la lourde Mercédes 600 qui occupait à elle seule deux places entières dans l’angle nord. Il s’en approcha à pas lents, respectant un genre de cérémonial. Empli d’une incrédulité complexe et qui allait parfois jusqu’à se montrer enivrante. D’abord comme d’habitude il en fit le tour complet. Procédant toujours ainsi. Puis il se pencha vers la partie arrière de l’habitacle, celle qui était séparée de la banquette avant par une épaisse vitre coulissante. Bloquée comme Toujours à 75pour cent de son Ouverture.. Au travers des vitres fumées il n’aperçut rien de plus que toutes les autres fois où il s’était livré à ce rituel. La banquette de cuir très fin était toujours désespérément vide et allait le rester aussi longtemps que durerait son service. Roger Wilfried était le digne chauffeur de maître d’une limousine aux allures de fantôme...

     


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