• Mercedes600 (11)

     

    Le chauffeur tourna le dos. Il lui fallait récupérer une pochette dans la boîte à gants. Ignorant le policier qui s'adressait à un duo de collègues. Ceux-ci demeuraient insensibles à l’agitation ambiante. Debout et nonchalants à proximité d’une petite camionnette sombre. D’un simple geste de la main il leur fit comprendre ses intentions. De son côté le chauffeur se démenait avec le couvercle de la boite à gants. Quand il réapparut ce fut pour tomber nez à nez avec un chien berger tenu en laisse par un des types de la camionnette.

    - Veuillez bien me passer les papiers et reculez d’un mètre s’il vous plait..

    Roger Wilfried ne trouva rien à répondre. Toujours aussi pâle il s’exécuta en voyant les policiers ouvrir une porte arrière et y diriger le chien. A ses cotés le flic qui venait de s’emparer des papiers ne le perdait plus de vue. Toute la scène s’enfonçait dans un silence accablant.

    - Qu’est-ce qui t’arrives Rocket ?.

    Le maître chien agitait faiblement la laisse. Puis il se baissa pour caresser la croupe de l’animal. Mais loin d’obéir celui-ci se raidissait sur ses pattes. L’agent hocha la tête.

    - Mais alors qu’est-ce qui t’arrives ;. Allez Rocket ;. Grimpe mon chien ;. Grimpe là dedans..

    Le chien qui commençait à montrer les crocs se baissa encore sur ses quatre pattes. Raides comme des piquets. Il avança le museau de quelques centimètres et sembla le coller sur le cuir duveté et odorant du siège. Mais à peine l’avait-il reniflé de près qu’il fut pris de folie. Il recula d’un coup et repartit aussi sec en avant. Luttant contre un monstre invisible. Seulement ses longues dents pointues ne rencontrèrent que le cuir doux et clair. La Peau de Bébé ;. Comme l’appelait Wilfried. Il arracha un bout du siège tandis que le chauffeur levait les bras et sursautait. Le maître chien s’affola et tenta de le faire reculer d’un coup de laisse.

    - Rocket.. Rocket.. tout doux mon chien ;. Tout doux..

    Il s'écriait, tandis que le chien aboyait de plus belle, à plein gosier. Néanmoins il devenait urgent de limiter les dégâts. Son maître voulut sauver ce qui restait de la banquette en l'éloignant du véhicule. Le tirant sèchement en arrière. Le berger allemand entra alors dans une fureur surnaturelle. En quelques secondes il devint comme possédé. Rageant et bavant, claquant des dents sur le parfum se dégageant de la peau veloutée et presque sensuelle. Ses yeux lui sortaient de la tête et rougissaient. De la mousse blanche coulait des babines, ses membres tremblaient et les ongles griffaient le sol. Dans une souffrance épouvantable. Pire qu’un bain d’acide. A moins que cet acide ne lui rongeait les entrailles. Le plus incroyable était qu’il affrontait de l’air et rien d’autre. A la limite un fantôme, mais dans un monde aussi cartésien que le nôtre, qui aurait pu croire de pareilles sornettes. D’ailleurs c’était exactement la pensée de son maître qui de toute sa poigne le souleva de terre. Epargnant enfin la Mercedes. Après quoi un sourire morbide aux lèvres, il fournit l’explication que tous attendaient.

    - C’est positif.. on bloque cette voiture..

    Avant de se tourner vers Wilfried.

    - Vous allez nous accompagner monsieur, et je vous demande de rester calme sans faire de gestes intempestifs.. faute de quoi je serais obligé de vous menotter..

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