• Mercedes600 (17)

     

    Il ne bredouilla plus. Sa bouche restait fermée et muette, son cerveau bloqué et sans vie. Seul un faisceau de réflexes lui permettait de conduire et garder le cap. La voix reprit en s’efforçant de démontrer un minimum de chaleur.

    - Vous passez une dure journée, je sais.. mais tout est beaucoup plus simple que vous ne croyez.. j’espère que vous comprenez..

    Un soupir tout aussi métallique s’ensuivit.

    - Bon, c’est pas tout .. il nous faut voir la suite.. comment vous sentez vous monsieur Wilfried ?..

    - Monsieur Wilfried !.. vous m’entendez ?.. reprit la voix un brin inquiète et autoritaire.

    - Répondez moi s’il vous plait..

    Le chauffeur comprit qu’il lui fallait quitter sa torpeur. La voix n’était pas réellement menaçante. Mais reliée à la présence d’une peau humaine arrachée à un homme peut-être vivant pour remplacer le cuir habituel d’un fauteuil, la voix avait nullement besoin de forcer pour semer l’effroi. Tout esprit sensé devinait les limites à ne pas franchir.

    - Je vous entend.. Fit Wilfried.. je suis un peu déboussolé, excusez moi.

    - Je vous comprend bien sûr.. Vous aurez bientôt tout le loisir de vous reposer.. prenez aussi quelques jours de repos supplémentaires.. vous les avez bien mérité ;. Je vous recommande un petit voyage ;. On s’occupera de tout.. Qu’en dites vous monsieur Wilfried ?..

    Ce dernier malgré son état nauséeux sursauta. Prenant enfin conscience de tous les faits extraordinaires survenus dans une même journée.

    - Je ne sais pas.. vraiment je ne sais pas ;. Mais en attendant qu’est-ce que je dois faire ?..

    Il sentit des gouttes qui coulaient de son front. Ses doigts tremblaient sur le volant de bois précieux. Une pareille solitude depuis des années ne l’avait pas préparé à autant de confusion. Quoique il savait la situation artificielle depuis longtemps, et d’entendre cette voix sortie du cœur de la Mercedes le remuait jusqu’aux os. Le sentiment lui venait qu’une sorte de dénouement se préparait. D’une manière ou d’une autre, et c’est son existence qui était en jeu. Il tremblait et transpirait en fixant la nuit. Devant la limousine un gouffre allait s'ouvrir. Un danger qu’il sentait aussi présent que la nuit froide qui tombait entre les montagnes.

    - Vous m’entendez toujours monsieur Wilfried ?..

    - Oui.. oui.. je vous entends… Il fit en se passant une main sur le front.

    - J’en suis heureux.. (un court silence).. alors voilà ce que vous devrez faire.. .

     

     


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