• Mercedes600 (18)

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    Se moquant des kilomètres la limousine glissait sur l’autoroute. Prodigieuse dans les nappes de brouillard quand elle s’élevait dans la montagne. Sinistre et inquiétante, avec le sourd cliquetis d’un huit cylindre réglé au métronome. Roger Wilfried se frottait les yeux par moments. Il ne les avait pas fermé au cours de la nuit. Les instructions de La voix.. étaient claires.. rentrer sans perdre une minute. De toute urgence.. Pourquoi d’ailleurs ;. Roger Wilfried n’en savait rien. Mais il avait accepté le marché.

    Dans La nuit qui s’étirait, lourde et gibouleuse par intermittence, il cherchait un but au delà du halo des phares. La sombre Mercedes  contenait l'intégralité de son univers. Un monde contradictoire, qu'il n'avait jamais pensé fuir. . Il avait dit oui sans broncher à tout ce que demandait La Voix.. Néanmoins il se sentait mal, sa vie lui apparaissait sous un angle plus singulier encore ainsi mêlée aux derniers évènements. D’habitude s’il tentait de percer le voile de son amnésie, des automatismes le ramenaient au présent. Il avait toujours un même pressentiment, cruel et obsédant, celui de découvrir qu’il allait tout perdre en retour. C’était comme de jouer à quitte ou double. Il n’avait jamais pu s‘expliquer la sensation de bien être que lui procurait cette réalité. C’était une sorte de rêve éveillé qu’il aurait voulu comprendre sans perdre aucun des bénéfices. Ce malaise baignait en permanence toutes ses questions, et d’une certaine façon, il les neutralisait. Il craignait autant l’ignorance que la vérité et son dévoilement. Tout en ayant l’intuition qu’un équilibre aussi instable pourrait déboucher sur une dépression mortelle et la vraie folie. C’est le propre des destinées humaines. Contempler ainsi démuni les vertiges de l’existence. L’amnésie ou la folie ont juste le mérite de rendre plus lumineux encore ce qui distingue la réalité du rêve, la vérité du fantasme. L’étrangeté de la conscience apparaît en pleine lumière quand elle commence à flancher. Parce qu’elle acquière à se stade la valeur suprême qui sépare la vie de la mort. ..

     

     

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