• Mercedes600 (2)

     

     

     

    L’autoroute pour Venise lui sembla un peu moins chargée que d’habitude. Roger Wilfried aimait lItalie. Un pays dans lequel il ressentait une sorte de légèreté dans l’air et ceci à peine avait-il franchi la frontière. Il savait exactement combien de fois déjà il s’y était rendu en voyage. Tenant à jour des fiches dans lesquelles il inscrivait avec un soin maniaque ses faits et gestes durant son temps de service. Mais de toute façon il conservait scrupuleusement ce qu’il appelait ses Feuilles de route… Les enveloppes blanches immaculées qui aboutissaient dans sa boîte aux lettres selon un rythme presque immuable. Toutes les deux à trois semaines depuis dix ans. Jamais moins, jamais plus. Ainsi quand il s’agissait de l’Italie, il stoppait la longue voiture noire au bout de quelques kilomètres sur la première aire de service, ou devant un petit bar typique s’il avait pu éviter l’autoroute, pour y déguster un cappuccino. Un vrai, comme il se permettait de préciser au serveur avec un clin d’œil. Avant de repartir, en évitant quand sa volonté s’y prêtait, de trop réfléchir sur son étrange travail. Seulement la sensation d’irréalité lui donnait l’impression de flotter au dessus du sol. Un effet parmi d’autres qui l’affectaient durant tous ses périples, quasiment du début à la fin, et quelles que soient ses destinations. Puis tous ces effets se dissolvaient comme par miracle quand il abandonnait la Mercedes à l’un des nombreux parkings auxquels elle semblait être affectée. Son esprit lui jouait des tours, volant un peu dans tous les sens. Sans qu’il y prête une attention démesurée. Les faits en eux mêmes étaient assez bizarres pour justifier toutes formes de sensations...

     

     


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