• Mercedes600 (21)

    .

    Ses souvenirs se confondaient dans les profondeurs d’un tunnel éclatant et interminable. Un blanc nacré et scintillant marquant des parois qui reculaient dès qu’il voulait s’en approcher. Mais une voute d’ un noir d’encre contenait le blanc merveilleux. Elle était présente sans qu’il puisse l’apercevoir. Tout en admettant le paradoxe avec une facilité enfantine. Son esprit revoyait des silhouettes postées sur son passage alors qu’il croyait d’abord marcher, avant de comprendre qu’il flottait. Porté par l’air qui avait une saveur réelle, ce n’était pas une odeur ou une consistance. Plutôt « Un Sentiment ».. Qu’il comprit quand il éclatait en larmes gagné par l’émotion. C’était de « L’Amour » pur, dans lequel il baignait. Dans les premiers jours il se souvint de la musique qui l’accompagnait. Puis à force d’y réfléchir cette musique s’estompait pour devenir un simple son, une vibration qui tenait en suspens son Être. La musique était en lui, et non à l’extérieur. Seul l’amour résonnait dans les quatre directions y compris les parois. (Ces parois n’étaient pas fixes mais mouvantes)Il se sentait appelé, toujours plus loin, et plus il avançait autant le tunnel s’élargissait. Au delà il aperçut des Êtres blancs et transparents comme de la lumière pure. Parfaitement constitués. Il devina qu’ils n’existaient que pour lui. Ils cesseraient d’exister sous cette forme à peine il s’en détournerait. Les silhouettes qui lui tendaient les bras le félicitaient et lui caressaient brièvement le front et les yeux, parfois les cheveux. Elles parlaient sans que leurs paroles aient de signification. Il les comprenait quoique à un certain moment cela lui parut être un brouhaha. Il était sûr d’avoir connu un état d’affolement à partir de là. Dans cet amour infini il rencontrait une faille. Une erreur dans le protocole qu’il ne savait nommer. Il se Sentait Seul.. comme si les silhouettes rencontrées tout au long du couloir n’avaient pas de visage. Elles lui offraient toute leur amour mais aucune d’elle ne l’aimait au point de l’accueillir avec son âme. Ne lui offrait de fusion salvatrice qui lui ferait vaincre la peur terrifiante de la mort. Il tenta d’apercevoir le bout du tunnel, inutilement. Un écran de lumière étincelante lui masquait le passage. Il pensa qu’il lui restait assez de conscience pour repartir de lui même dans l’autre sens. Vers le Royaume des Vivants.. Partout autour des bras se tendaient pour lui toucher le front ou les yeux. Il aurait voulu courir, en vain dans un monde où rien n’est solide. Il se mit à pédaler dans le vide sans se soucier du ridicule. Suffoquant et haletant il avançait dans le couloir qui s’assombrissait. Tout pâlissait au fur et à mesure qu’il revenait en arrière et se rapprochait de l’accès … Celui là même par lequel il croyait être entré. Il passa rapidement du bonheur absolu à une forme de panique glauque. Certain de se voir mourir. Il ne parvenait pas à crier, rencontrant tous les symptômes de la noyade. Quand il se retrouva à flotter sur la scène de l’accident. Saisit par le froid intense et amer. L’air était glacé. Sous lui la Mercedes encastrée sous le camion prenait feu, et des hommes couraient dans tous les sens. D’autres extirpaient un corps de l’habitacle tordu et gémissant. La mort était inévitable à présent. Quand il se laissa sombrer dans ce corps que des hommes soutenaient, et qui l’accueillit. ..

     

    .

     

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :