• Mercedes600 (25)

    Sortant de là il ne se souvenait de rien. Son amnésie était totale. Mais à contrario ses aptitudes corporelles et mentales fonctionnaient normalement. En rien il n’était diminué, disposant plutôt d’une étonnante forme physique. Doté d’une belle allure d’homme approchant la quarantaine à cette époque. Il se souvenait d’avoir plus d’une fois été frappé par son élégance naturelle. Comme s’il se redécouvrait après un long oubli. Néanmoins il lui fallut réapprendre bien des choses. A commencer par les rudiments de la vie sociale. Découvrant alors qu’il exerçait la fonction de chauffeur de maître depuis près de quinze ans. Tout comme son grave accident s’était produit au volant de la limousine préférée du patron. Ce dernier avait fini dans les flammes. Ecrasé en premier lieu par le train de roues d’un camion fou. Hors Roger Wilfried l’avait suivi sur tous les continents au long de ces quinze ans. Fidèle comme un vieux chien à ce capitaine d’industrie qui avait à peu près son âge. Lui sacrifiant sa vie personnelle puisqu’il n’avait jamais pris le temps de fonder une famille par exemple. Ce qui aurait été incompatible avec cette vie particulière au service d’un patron voyageur et play-boy. Il apprit à l’occasion qu’il ne possédait rien en propre. Depuis toujours d’après ce qu’on avait pu lui raporter. Orphelin il n’avait connu que de mauvaises familles d’accueil. Puis à peine adulte il s’était engagé dans la légion Etrangère qu’il quitta à l’issue du temps réglementaire. Peu satisfait du métier des armes. Sa vie ainsi s’était résumée à accompagner un jeune industriel issu d’une grande famille anglaise et qui lui vouait une réelle estime. Selon les propos du docteur Lambart. Un thérapeute attentif qui ne l’avait jamais abandonné en mémoire « d’un vieil ami ».. trop tôt disparu. Comme il aimait s’exprimer quand le nom de monsieur Jagger(l’ami en question;.) était évoqué. Roger Wilfried se serait retrouvé seul et désemparé sans ce neurochirurgien dévoué. Une sommité dans son domaine. Un véritable artiste s’il fallait en croire les médias. Il n’ignorait d’ailleurs pas les compétences particulières de son médecin. Ses études sur le coma profond qu’il avait publié en plusieurs ouvrages, lui permettant d’accéder à une certaine notoriété. Lui-même y faisant parfois allusion. Non sans manifester un orgueil inattendu. Tout était cohérent donc, et il lui devait peut-être la vie à cet homme qui avait su réduire le grave hématome laissé sur le haut du lobe droit par l’accident. Tant pis encore si les aspects scientifiques de sa guérison ne l’intéressaient qu’à moitié. Le principal était d’avoir conservé la vie et retrouvé la santé. Très vite également il avait fallu lui reconstruire une existence matérielle. Commençant d’abord par la recherche d’un emploi puisque le sien venait d’être supprimé avec le décès de son employeur. A nouveau le docteur Lambart se chargeait d’accomplir un miracle. Je crois que j’ ai quelque chose pour vous ;. Il lui avait fait lors d’une consultation. Elles étaient hebdomadaires à l’époque. Une de mes connaissance vient justement de me parler d’un poste de chauffeur à pourvoir.. c’est à la suite d’un décès.. j’espère que vous n’y verrez pas un signe.. la mort ne frappe jamais deux fois au même endroit.. c’est comme la foudre ;. Vous le saviez ça ?… Puis il éclata de rire comme si sa bonne blague le mettait en joie.  ..

     

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