• Mercedes600(28)

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    La circulation devint particulièrement dense aux abords de la capitale. Il lui fallait rejoindre Roissy dans des embouteillages durs comme du béton. Il n’avait toujours pas dormi et les amphétamines ne lui étaient plus d’aucune utilité. Ce qui le maintenait éveillé était ce nœud de serpents, les dizaines de questions qui le hantaient. Dans les heures fiévreuses de la nuit il avait acquis la certitude que tout pourrait s’éclairer enfin. Un lien existait entre la peau humaine de la banquette arrière et sa propre vie. Un fil invisible reliait des éléments disparates autour d’un centre commun. Et il était ce centre. L’amnésique rescapé miraculeux d’un accident qui se retrouvait au volant d’une Mercedes 600 identique à celle qui aurait du le tuer. Une limousine vide de tous passagers mais pourvue d’une banquette en peau humaine. Un salaire royal et des employeurs fantômes. Des années envolées et qu’on ne lui rendra jamais. Une existence entière plutôt, farfelue et tragique. A cette évocation il manqua de crier à haute voix toutes ses questions hallucinantes. Avant de se raviser en fermant les yeux et ravalant sa rage. Ce qui faillit l’envoyer sur un mur de protection. Un peu plus loin, la tête bourdonnante de fatigue, il manquait de repartir de plus belle. Se frappant le front et à débiter toutes les idées qui lui venaient. Quand soudain il se mordit les lèvres. Il venait de penser qu’on pouvait l’écouter. La technologie moderne permettant toutes les combines. D’autant que l’épisode de la police prouvait bien « Qu’ils savaient tout ». Sinon comment expliquer ce coup de fil venu mettre un terme à l’interrogatoire. Une chose était sûre, la voiture possédait au moins un GPS relié à un observateur inflexible. Ils pouvaient le localiser en permanence. Ils savaient tout de lui, et il devait en tenir compte et se garder de manœuvres aventureuses. La Voix.. lui avait bien expliqué la marche à suivre et il parvenait à présent au terme du voyage. Une place l’attendait sur un parking annexe à l’aéroport réservé aux véhicules haut de gamme. Il devrait s’assurer de la bonne fermeture des portes. Puis prendre un taxi qui le conduirait directement à son domicile situé de l’autre côté de la capitale. A une distance de près de quarante kilomètres. A partir de quoi il pourrait se reposer et s’offrir quelques vacances selon La Voix elle même. Mais qu’en avait-il à faire de ces vacances. Il avait aussi noté que La Voix n’évoquait pas la prochaine Feuille de Route.. Roger Wilfried sentit le poids du mystère sur sa nuque. Mécaniquement sa main droite entreprit de la masser. Tandis que sa vie à nouveau basculait dans l’inconnu. Il fixa le ciel barbouillé. Jurant qu’il ne se soumettrait plus aux fantômes. Son esprit se révoltait. Le voile s’était déchiré sous les crocs du chien. ..

     

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