• Mercedes600 (7)

     

    La pluie avait remplacé le temps encore changeant de la veille. La limousine filait de son allure de puissant corbillard, se jouant des files de semi remorque à l’approche de Milan. Roger Wilfried venait de se découvrir étonnamment pâle depuis son départ du San Giovanni. Au fil des années il prêtait de moins en moins d’attention au décor de ses voyages. Hormis quelques fantaisies telles que le cappuccino dès son arrivée en territoire italien, ou un thé vert dans quelque salon réputé,(il adorait le thé) tout lui était assez indifférent. Il lui arrivait de mesurer à quel point son existence était réglée comme du papier à musique. Parfois il s’en réjouissait, bien obligé de constater que sa vie matérielle était relativement facile, comparée à celles qu’il observait autour de lui dans son quartier populaire. Il bénéficiait d’un très bon salaire si on s’en tenait aux standards de la profession. Quand à son travail il était loin d’être exigeant. Une ou deux fois par mois(les périodes ne se juxtaposant pas avec les mois calendaires.) la «feuille de route» était déposée comme par magie dans sa boîte aux lettres, et tout y était indiquée. Horaires, itinéraires, adresses auxquelles il retrouverait la Mercedes comme celles où il était chargé de l’abandonner à la fin de son service. Mais il avait fini par sombrer dans une attente ou une apathie, teintée de dépression. L’idée que son histoire pourrait prendre fin sans qu’il ait jamais obtenu de réponses à la question essentielle de ces dix dernières années. Pourquoi le Payait-on si Bien.. pour conduire une limousine vide au travers de toute l’Europe ?.. .

     

     

     

     


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