• Mon Copain Charlie

    Mani avait ses chaleurs tout comme le cabot de Charlie qui s'excitait avec mon mollet quand ça lui prenait. C'était pour elle un truc naturel pas plus pas moins. Il n'y avait pas de quoi en faire un plat quand on la connaissait bien. Personnellement depuis le temps je n'y prêtais plus une grande attention. J'avais dû même me dire dans le fond de mon sub-conscient qu'après tout elle pouvait rendre service en cas d'urgence. Mais en fait je n'étais jamais allé jusqu'au bout de mon idée, un peu par principe. En réalité je n'aime pas les affaires traitées à la va-vite. Je n'aime pas les souvenirs que ça laisse. Alors je glissais sur ses yeux de biche un peu folle quand je la croisais et laissais mon esprit s'amuser tout seul. Charlie et moi on avait prévu de se voir ce jour là. Du coup je rencontrais Mani qui était sa soeur dans le salon. Enfin de la compagnie. Elle me fit en se jetant anormalement à mon cou. J'avais compris rien qu'à l'odeur de musc qui se dégageait de ses reins. Ca ne trompe pas ce genre de détail. Et bien mon cochon. T'as l'air de bien te porter toi. En pleine forme le vieux Nal. Tu t'es remis aux abdos ou quoi. Assied toi. Tu veux un thé. Tu sais que le thé vert c'est très bon pour les neurones. Non. Je plaisante pas. C'est une étude scientifique qui l'a prouvé. C'est important pour rester en vie. Nom d'un chien elle avait sorti sa jupe à volants bleus qui n'attendaient qu'un souffle d'air pour remonter au niveau de la culotte. Je vais te faire goûter celui qu'un copain vient juste de me ramener du Japon. Charlie est pas là encore. Je demandais. Elle se gratta la tête comme si elle manquait d'inspiration. Oui, et bien. Il va pas tarder. Mais je sais pas quand. Il m'a téléphoné il y a à peine cinq minutes pour me dire qu'il avait raté le train qu'il pensait prendre. Dans une heure peut-être. Pourquoi, vous aviez prévu quelque chose tous les deux. Je me frappais le front. Non. Pas vraiment. Je mentais comme un arracheur de dents. L'urgence était dans chaque seconde que nous passions ensemble sur le chemin de la vérité. La substance quantique de l'univers que j'avais contemplé pour la première fois depuis ma na naissance ne brillait dans toute sa clarté que face au miroir. Charlie était un merveilleux miroir. Plus qu'un ami. Je n'éprouvais aucun réel désir pour l'amitié. Mais un reflet d'une bien plus grande valeur. Un point spirituel. Je m'allongeais en fermant les yeux pendant que Mani s'activait dans le bric-à-brac de la cuisine. Toute remplie d'objets inutiles qui n'avaient d'autres fonctions qu'esthétique. Cette esthétique elle même n'avait de sens que pour Charlie. Tout autre que lui ne pouvait voir là qu'une nature morte décomposée sur laquelle le peintre frappé d'un infarctus venait de dégringoler. Créant le chambard. Elle revint avec le thé. On baignait dans la lumière bleue du salon et dans un silence presque parfait. C'était la cérémonie du thé et du silence. Le calme contemplatif que s'accorde parfois et quand elle peut l'âme au milieu des choses. Mani me dit. Tu vas bien toi en ce moment. Va-t-on bien dans la vie. Je pensais. Je vais bien. Je répondis. On termina le thé chacun de son côté. Côte à côte certes, mais pas ensemble. J'avais eu des visions dans les derniers temps. Et j'étais fatigué de la véritable fatigue qui ne se voit pas de l'extérieur et que forcément Mani ignorait. J'avais l'ouïe incroyablement aiguisée, et j'entendais son coeur battre plus fort. Sa glotte qui la gênait. Autant de faits passants au-dessus de sa tête de nymphomane qui aurait fait le bonheur d'une grande partie de l'humanité. Mais elle détestait les inconnus, et ne supportait que les hommes de son clan. Les animaux de sa meute qu'elle reniflait comme une louve. Je n'avais aucune idée précise sur le sujet. Mais c'était bien la première fois que je me retrouvais ainsi seul avec elle. Dans le silence et la tiédeur du printemps finissant. L'esprit assez vide par chance. Les freins lâchés. Je suis certaine que tu es bon en amour. Elle me fit. Je ricanais. Elle continua. Un type qui écrit là-dessus, sur le sexe, (rugissante) il est forcément un peu spécial. La trêve prenait fin et je devais me décider, vite. Ca ne veut rien dire. Je répondis. J'avais les yeux fermés et je sentis ses doigts de pieds qui me caressaient entre les cuisses. Toi aussi tu penses que je suis une salope. Je ricanais encore. T'as de la chance Mani. Beaucoup de chance en fait. Et pourquoi; Tout en me caressant plus fort. Parce que tu es belle. Et seules les moches sont des salopes. La vie n'est pas moins cruelle sur cette question que sur d'autres. Tu veux dire que si là je te demandais de me baiser je ne serais pas une salope parce que d'après toi je suis encore une belle femme. C'est exactement ça. Je répondis au bout d'un moment. Qu'est-ce qui explique cette loi si curieuse. Est-ce honnête. Puis moi à voix basse. Je ne sais pas. Une épreuve supplémentaire que s'inflige Dieu lui-même à travers ses créatures. Toutes les souffrances qui empêchent le grand amour universel. Elle soupira. Charlie aussi se met à parler comme ça. Je me demande si vous n'allez pas devenir dingos tout les deux. Pourtant tu fais tout pour m'envoyer au paradis; Je dis. Elle rit. Tu vas me sauter, là, tout de suite. T'as pas le choix mon pauvre vieux. Alors tu ne te soucies déjà plus de ta réputation. Je lui demandais. Tu parles. Elle fit. J'en ai rien à foutre. Mon mari il savait à quoi s'attendre quand il m'a épousé. Alors qu'il vienne pas pleurer maintenant. C'est pas pour rien qu'il me voulait. Personne ne l'a jamais fait décoller comme moi. Après un silence. Et puis pour les autres. Je les emmerde. Tout ce qui me rentre dans le cul ça va pas dans leur bouche. Hein. Je ne vois pas en quoi ça les regarde. Le silence avait eu raison du petit coin de cerveau dans lequel je ruminais ma pauvre humanité. Je rendais les armes. Je n'étais qu'un pauvre gars avec la queue à l'air et tant pis pour la beauté du geste. J'allais tringler cette connasse faite toute comme moi de chair et de sang. J'allais tout de même pas la priver d'un bon coup de bite par la faute de mon orgueil infini. Ce que Dieu m'avait donné je le rendais. C'est tout.

     

    J'ai toujours su que j'étais fou, et cette lucidité est sans doute ce qui me distingue de l'écrasante majorité de l'humanité. Je ne me sens pas honteux et diminué, soyons bien clair là-dessus, mais fou. La faiblesse d'esprit, ou du moins son aveu est plutôt je crois une preuve philosophique. L'existence avérée d'un esprit qui lutte dans les ténèbres. La faiblesse est inhérente à la vie. Du poulet de basse-cour à l'être humain il n'y a qu'une sorte de graduation incertaine que je ne me risquerais pas à décrire noir sur blanc en jargon scientifique. Laissons cette tâche aux fats, aux médiocres et à tous les imbéciles. Je me contenterais de relater quelques anecdotes existentielles, reniflant les flagrances de mon propre suc humain, son curieux et incertain mélange avec les autres, et c'en sera bien assez.

     


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