• Venez nombreux.. l'entrée est libre..

     

    L’attrape-nigaud fonctionne à tous les coups. Une araignée mutante aura semé des sucettes cocaïnées le long des berges où dorment les trimeurs de l’infra-Monde. En cinq secondes c’est la guerre civile. La débandade. Ils sont sur pieds et le cortège s’arrache des trottoirs. Plus rien ne les arrête, la grande nuée des zombies. J’en étais ce jour-là quand Superman est venu nous montrer sa queue juste déballée d’un paquet-cadeau. J’ai vu de mes yeux. Deux fatmas ont briqué le cigare avant de partir dans un nuage de feu. Comme quoi on rêve tous de mourir pour une cause juste, et la mienne puisque on en parle, consiste à redresser l'axe de la planète. Myriam est vraiment la reine des catins. C’est pour ça que je suis accroc. Dans son orbite j’oublie le malheur quotidien, la laideur intrinsèque de mon âme, le projet du démiurge d’avant la chute des Anges. Revenons à nos Chryslers (symbole de la perfection technique au service des masses). Je propose un marché à Jeff le fourgueur de séjours All-Inclusive. Un voyagiste friqué des quartiers bobos. Puisque les cons adoooorrenn voyaaageeerrr..eeuuh (c’est mon dada, mon angle d’attaque sociétal préféré, et je reviendrais longuement sur la question lors de prochaines et conséquentes vignettes) Pourquoi ne pas monter des circuits « Découverte Intérieure ». Tu connais mon truc Jeff. La planète n’est plus qu’une grosse citrouille malade convertie en parc d’attraction, et aller d’un coin à l’autre en bandes de millions de touristes, pollue, enlaidit, bétonne, et pire que tout, corrompt le peu d’humanité laissée en dépôt par les premiers hommes sortis du cul des singes. ( tu étais singe et singe tu retourneras ;.) J’ai un plan précis à ce sujet. Injecter du silicone dans l’estomac des candidats et brancher leurs cerveaux sur Google-Street. Pour commencer le programme bien sûr, la suite demande encore quelques réglages et je t’en parlerais en temps voulu. T’inquiètes pas là-dessus.. Mais je ne t’ai pas encore dit mon idée la plus géniale. Accroche-toi bien, c’est gratos. On demande pas un rond. Jamais. Vraiment gratos. J’espère au moins que ce mot ne te saigne pas le cœur. Les gens rentrent, s’installent, profitent et c’est tout.. pour eux.. Quant à nous, nos pensées élégiaques sont dans la poche. Mon pote avait un frère qui drivait un tripot Rock’n’roll dans le quartier des anciens abattoirs. Il s’y faisait appeler le Mastock. Un décor de ténèbres contemporain, tout en ombres dansantes et bleu tungstène inspiré des séries hollywoodiennes les plus fameuses. Les néons traçaient des lignes gothiques au fond de la ruelle, puis on apercevait en filigrane sur un long mur la procession des candidats au Mariage Cosmique des éléments. C’est ainsi que la publicité vendait l’affaire sur les journaux gratuits destinés à finir en détritus. Couilles molles des bobos locaux et d’une tribu goth dans leurs frocs paraffinés. Chattes olives des gonzesses aux bouches sentencieuses. Elles sont bonnes les garces. A l’entrée le Mastok brille et fait les comptes. Autant de monde et un pareil enthousiasme auraient de quoi remplir le tiroir–caisse. C’est une idée dingue de bosser à l’oeil. Première distribution gratuite. Madeleines de Proust au jus cosmique. La salle chauffe et pogote à fond au bout de dix minutes. On vient de leur expliquer qu’une grande séance de méditation subliminale ne peut s’optimiser que dans la joie et la frénésie. Je branche le laser spécial que j’ai commandé en Chine. Mais j’ai chaussé mes lunettes de soudeur sans rien dire à personne. Une soirée réussie fonctionne sur l’inattendu et le coup de théâtre, inutile de gâcher les effets. Des effets justement. Les trois boîtes bardées de jets à micro-ondes sont placées en hauteur dans les coins et balayent toute la salle. Pas un crâne peut y résister. (le mien est protégé, vaseline et limaille d’argent) Maintenant vient le tour des cocktails flash. Des verres à pieds en coupes de champagne triangulaires et qui pétillent sous les rayons lasers. Mastock a bouclé la salle. Plus personne ne peut rentrer et nul ne songe à sortir. Une greluche me fonce dessus et tente de me rouler un patin. Seize, dix-sept ans peut-être. Moi ce que j’aime c’est les vieilles goths de quarante balais. Mini-jupes noires et bas résilles. A seize ans elles ont l’optimisme débordant. A quarante la rage les tient aux reins, la glotte. La bouche ample et collante. Regard hargneux. Hanches bagarreuses. Le sexe monstrueux. Pour les cocktails j’ai suivi le manuel à la loupe. Peyotl, ayahuasca, cristaux vaso-dilatateurs, molécules ultra-vitaminées. Le DJ suit parfaitement mes instructions. (je l’ai payé en conséquence et avec mon propre fric) ; Ouaouhh.. ça baigne et ça gaze cette nuuiiit ;. Bbrrrrrr.. et on lâche tout et on part en voyaaaaggeee.. bbrrrrr.. Un grand serpent jaune vient d’apparaitre au plafond. Dix mètres de long, vingt-cinq, trente centimètres d’épaisseur. Il coule en boucles au milieu des bobos et des goths qui le chevauchent comme un dragon lumineux métaphysique. Le serpent illumine les consciences qui envoient des étincelles à mi-hauteur du plafond. Les étincelles forment un nuage vibrant sur Hypnagogic States. Myriam balance des images sensuelles sur le Cloud en rétroprojection, reine des scénarios. Elle sait toujours où dénicher le feu intérieur. Je capte le moment idéal et j’envoie Google-Street directement sur le Cloud ou cent vingt personnes prennent le train des abysses, recta sur le Mexique sombre, désert magique où nous attend un grand prêtre aztèque. Cérémonie bidon, folklore et hémoglobine. Des larmes ocidentales fécondent le désert. Prochaine escale Orion, notre train redécolle, face nord de la voie lactée, nous visitons trois exo-Terres ,etc etc J’ai débusqué Vampirella, la Goth de quarante balais de mes rêves obscènes et cinglés. Retour au petit matin. Le cadavre d’un adolescent mort-né git à mes pieds. Je lui fous un coup de tatane et il se relève sans faire d’histoires. Il me sourit et tend la main. C’est l’heure. Je lui dis. Nous nous embrassons, puis il se dirige mollement vers la sortie. Juste avant de prendre l’escalier il se retourne et ouvre la bouche. Je serais chef de bureau plus tard.. Je réussirais ma vie, c'est juré.. merci professeur.. merci pour tout. Coup d’œil entendu de petit cave dépucelé et il se barre. Je ne le reverrais jamais plus. Je sais ;. Je sais.. murmurais-je en le suivant du regard. Un par un tout le monde sort du coma. Des petits rires, des étonnements, lèvres sèches, muqueuses rouges et sanglantes. Merci.. merci pour tout. Ils nous font dans le silence d’un nouveau jour sur terre. La conscience d’être vivant les éclaire et les embellit. On s’embrasse, on chuchote, on rit. Jeff à mes côtés, le Mastock. Myriam , le disc-jockey, sont blancs comme des Madones. Les uns après les autres tout le monde emprunte le même escalier. On ne leur a rien demandé et au passage de la caisse muette ils lâchent des billets, ou un chèque, une alliance en or, n’importe quoi qui a vraiment de la valeur. Sourient et remercient. Jurent de revenir la prochaine fois. Qu’on les oublie pas.. Et c’est quand au fait la prochaine teuf ?.. ils font en clignant des yeux crevés. Oh.. oh.. Fait le tôlier qui a lui aussi un sentiment de renaître à la vie. Si on allait déjeuner fait Jeff. Je renifle. Le Mastock rote et serre les dents pour exprimer quelque chose. C’est quoi ce truc.. Me demande le disc-jockey en désignant le vieux Mac et deux micros en cornets au fond de quoi se cache une turbine. Je m’arrête pour fixer le type. C’est une machine de ma fabrication.. je pique la mémoire profonde des types et des gonzesses quand ils sont bien cassés. Leur système de défense naturel ne tient plus.. c’est facile à deviner.. tu vois.. Le disc-jockey glousse et me tape sur l’épaule. Et moi j’y suis sur ton disque dur.. Il me demande d’un air sournois. Evidemment que tu y est.. Je lui rétorque, le plus honnêtement du monde. J’ai des acheteurs pour ce matériel.. et ça se vend cher tu sais ;. Autrefois une race étrange qui vit parmi nous en était réduite à croquer dans les veines jugulaires pour survivre.. Heureusement les temps ont changé, quoique ils ne sont plus très nombreux.. le monde moderne est merveilleux ;. Tu crois pas ;. On remet ça bientôt.. qu’est-ce que vous en pensez ?.. J’ai un slogan d’enfer pour les affiches. Venez Nombreux.. l’Entrée est Libre.. C’est la sortie qui est payante.. s’esclaffe Le Mastock. Content de lui .

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    http://www.youtube.com/watch?v=OQd01bO0OLg&feature=related

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