• André vit s’approcher le taxi jaune aux formes courbes. Prenant place il chercha à classifier et décrire ses sensations. Une courbure de la réalité sembla de nouveau l’affecter au contact d’êtres vivants, semblable à celle rencontrée dans le labo auparavant. Le chauffeur en uniforme portait une casquette et lui semblait parfaitement concret. Néanmoins une sorte de rideau invisible les séparait. Il ne chercha même pas à le vérifier, sa raison lui dictait clairement le dilemme. Il ne trouverait rien de précis en voulant le toucher, sinon une suite de freins jusqu’à voir l’espace entre eux devenir aussi épais que du polyuréthane pur et transparent. Une réaction somme toute chimique mais assez écoeurante pour l’esprit humain, Uriel à ses côtés lui parut empreint de la même ambiguïté. Indiscutablement réel et d’une consistance incertaine. La ville vue d’en bas lui parut vertigineuse, mais une chose le frappait plus que tout autre, elle ne répondait à aucun style architectural précis. Comme une superposition des civilisations humaines. Summer y côtoyait différents siècles de l’histoire avec une prépondérance pour le dix-neuvième et la première moitié du vingtième siècle. Somptueux témoignage d’un cycle esthétique stoppé net au milieu du béton gris des années soixante, Mais les motifs architecturaux paraissaient plus saillants et décoratifs que dans ses nombreux souvenirs de voyage, il les jugea même cinématographiques d’une certaine façon. Il aperçut aussi d’immenses horloges de gares, qui donnaient des heures assez diverses, ce qu’il remarqua aussitôt l’amenant à se demander quel sens peut avoir l’heure dans un monde éternellement entre chien et loup. Les rues sont animées, avec des gens affairés aux manières curieusement théâtrales, comme frappés d’un romantisme urbain reconnu et assumé, aux contours stylisés. D’innombrables néons scintillaient au-dessus des boutiques et les nombreuses tavernes, des écrans passaient des films et des pubs accrochés aux façades. Des hologrammes viennent se mêler aux passants et parfois à la circulation, filent comme des flèches avant de regagner leurs cadres. Croisant des dizaines de véhicules aux carrosseries variées mais assez typés dans leur ensemble, il se creusa la tête pour déterminer les causes d’une forme d’homogénéité certaine. Une partie de la réponse jaillit rapidement en lui, au point qu’il s’en étonna. Il venait de reconnaitre le design automobile américain caractéristique autour des années cinquante, et il en fut d’autant plus émerveillé qu’il ne les avait pas connues personnellement, du fait de son âge bien sûr, mais à présent il se souvenait mieux. Il se souvenait comme dans son enfance il avait été marqué par les stocks de bédés laissés par son père dans le grenier familial. Des Marvel ; des DC Comics, EC Comics, Panini groupe.. etc ; qu’il dévorait alors avec l’espoir fou de vivre un jour de pareilles aventures, sombres et délirantes, intemporelles, baroques, supra-humaines. Exactement comme cette ville semblait lui proposer… Par un jeu d’associations mentales à partir de cette découverte. Il envisagea pour la première fois, qu’il était mort sur une route de montagne aux lacets fous, les dégringolant à cent à l’heure sur son vélo, un engin en carbone de sept kilos six qui n’avait vraiment rien de magique sinon de s’envoler dans les descentes. Mort pour de bon..

     

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  • le grand Ange Uriel lui répondait alors qu’il s’était permis d’exprimer ses pensées à voix haute. Il ne l’avait pas vu venir et se retourna lentement. Mais ce n’était plus Charlton Heston qui lui faisait face, une entité aux contours bleus le remplaçait. Seule la voix était identique. André Fontemain ne vacilla pas. Au contraire, mettant à profit une forme de vitesse mentale, il s’empara d’un détail pour pénétrer la toile de cette réalité. Ces vêtements, que je porte… je faisais du vélo en montagne ;. Que m’est-il arrivé.. je ne portais pas ces vêtements, certainement pas sur mon vélo, pourtant ils sont à moi… Et ils sont bien réels, je peux certifier leur structure, je ne vois qu’une solution, ils ont été recréés à partir d’images stockées dans ma mémoire ;. N’est-ce pas ? _Tu manipules mon cerveau..

    Uriel s’avança vers le bord sans rambarde du belvédère.

    Te voici parvenu à Olympia, André.. la ville où les rêves deviennent réalité. Ce nouveau monde Pour toi.. est à l’image des hommes, ces créatures charnelles dont nul ne pourra jamais envier la pauvre condition.. mais pour comprendre il te faudra réfléchir sans t’émouvoir sur ton sort.. parmi ce que tu vois ici, devant toi.. quel est le lieu qui te semblerait le plus propice à recevoir le message qui t’es destiné.. André se retourna à nouveau et son regard rencontrait la Sagrada Famiglia. Il tendit le bras, index pointé. Là.. il fit.

     

                Très bon choix.. Descendons pour commander un taxi.. nous en profiterons pour découvrir la ville..

                    -     sur quelle planète sommes-nous.. mais d’abord où est la terre.. Fit André Fontemain.

                    –    Tu es un scientifique, alors tu pourras accepter cette réponse.. Elle se trouve là ou es.. sous tes pas.. et à des milliards d’années-lumière..

     

     

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  • Il poursuit son observation sur le promontoire circulaire et maintenant ce sont les pyramides de Guizeh au loin, lumineuses elles aussi, mais la grande pyramide de Khéops est démesurée, gigantesque, barrant une partie de l’horizon, s’élevant de toute sa masse bien plus haut dans le ciel que toutes les autres constructions, comme un monument de lumière bleutée, écrasante et funèbre. Puis il reconnait un château quelque part qu’il nomme aussitôt, c’est Versailles, il en est certain, qu’il a visité d’innombrables fois dans son enfance passée dans la maison familiale située à moins d’un kilomètre ; Il se surprend à la rechercher mais continuant son parcours elliptique il découvre une mer parfaitement claire dans la pénombre (des bateaux oscillants au loin, en surimpression). Et la ville devient comme plus frénétique et baroque du côté des berges, une sorte de songe éveillé sorti de l’imagination d’un scénariste d’Hollywood, des traits de lumière la traversent qu’il tente de suivre, et alors seulement il se souvient que la même idée lui est déjà venue à plusieurs reprises depuis le début de son « ascension ». Il se raidit. Pourquoi suis-je en train de penser à une ascension ? Aucun scientifique n’emploiera jamais de pareils mots. Relevant la tête pour fixer des montagnes au loin, et une intuition le saisit. Un crépuscule aussi parfait ne peut-être que constant, aucune erreur possible, je vois l’équilibre… Il ne peut exister de cycle nuit-jour, qui viendrait altérer la constance qui est perfection, pas plus que d’hiver ou d’été. Il devine néanmoins que des fluctuations se produisent à intervalles réguliers, créant le mouvement et les bienfaits d’une atmosphère harmonieuse. Mais je ne rêve pas.. la qualité des sensations que je perçois ne sont pas oniriques, bien trop différentes, elles possèdent une texture.. je suis un physicien de renommée mondiale, de très haut niveau, mon diagnostic est des plus sérieux..

     

    – Tu as raison André.. ce que tu vois est Volonté… la chaine d’énergie depuis le zéro et un qui ont lancé Le Monde.. ta conscience vient de s’éveiller, enfin.. et tu ne mesures plus seulement avec tes yeux, mais des millions de nouvelles connections neuronales élaborent des schémas de pensée que tu ne soupçonnais pas jusqu’à présent..

     

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  • André Fontemain se tourna vers le ciel qui s’assombrissait. Le grand Ange l’avait guidé jusqu’à cet endroit sans qu’il puisse rassembler de souvenirs du voyage. Une terre ferme et rassurante au moins, une ville même au-delà de ce laboratoire où s’affairent des êtres aux contours humains, mais quand il cherche à s’en rapprocher il ressent comme un évitement, une sensation de nature illogique. Il se trouve au milieu d’eux mais sans eux. Les couleurs de toutes les choses matérielles comme les teintes du ciel sont différentes de tout ce qu’il connait. Le ciel il l’observe en ce moment depuis la terrasse circulaire, plate-forme ouvrant naturellement sur l’étage du labo démentiel. Mais une idée le traverse, il se demande par quel miracle il parvient à contenir son étonnement, alors que l’étrangeté est totale selon des critères qu’il sait objectifs. Il pourrait même en dresser la liste facilement. Du belvédère il contemple une ville formée de figures géométriques rappelant l’antiquité, mais curieusement futuristes, comme le rêve total et achevé de Gaudi. Il comprend aussitôt d’où lui vient cette dernière idée. Une Sagrada familia se dresse à quelques encablures, quoique identique, elle est plus majestueuse encore que l’originale, et luit dans le crépuscule de la beauté des fantômes, illuminée merveilleusement de l’intérieur à la manière des citrouilles d’halloween. Puis après quelques pas c’est une esplanade interminable qui s’enfonce dans le lointain, et il en comprend l’usage quand des vaisseaux spatiaux se dessinent dans l’horizon ocre aux reflets bleus et roses, ce sont des triangles gigantesques et des vimanas scintillants. L’esplanade est bordée de pyramides et il reconnait aussitôt Teotihuacan La vraie cité mexicaine. Une bouffée d’émotion l’étreint en imaginant son père à ses côtés. ..

     

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  • Leur code matrice est la clé de tout ;. Mais qu’est-ce qu’une clé’matrice d’abord.. c’est assez simple à définir, mais beaucoup plus compliqué à percevoir. Disons que toute chose procède d’une création, et que la trace de cette création est éternelle, ce qui sur un plan théorique est clair et logique.. le plus minuscule grain de sable possède son propre code sinon .. pas de grain sable, néanmoins, la traduction mathématique du réel n’est pas à l’échelle des hommes, c’est une équation purement abstraite, elle ne peut exister que si on la dévoile, à l’image même des lois quantiques, l’observateur crée une réalité qui existe en dehors de lui en tant que principe, le mystère des lois fondamentales.. Il doit renoncer à juger la preuve pour qu’elle paraisse.. le réel et l’imaginaire sont les deux faces du seul et unique principe… Nacor. Maître des machines, je t’implore pour le salut de Lame et Tix.. de jouer sur ta vie..

     

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