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    Il entendait d'innombrables questions, la peur incommensurable des siens, leurs esprits vivants mais sans formes. Pourtant aucune souffrance véritable ne les accablait, l'expérience est à la fois monstrueuse et dénuée de dangers physiques, or l'être humain est programmée par la densité corporelle, son intégrité se mesure sur les risque encourus par le corps bardé de capteurs. La souffrance charnelle étant de loin la plus terrible, insoutenable. Donc ils ne seraient plus des êtres humains. Le Nagual entend la plainte des siens, pourtant ce ne sont pas des paroles, des phrases concrètes, des idées constituées. Il parvient maintenant à organiser l'environnement. Tout est structure électrique, un immense schéma alvéolé comme du polystyrène parcouru d'arcs lumineux de très faible intensité. Puis il réalise que rien ne les attend, ils sont seuls dans une notion temporelle qu'il sait déjà immuable. Cela pourrait durer des centaines de millions d'années.

     

    - A condition que nul un jour ne coupe l'électricité..

     

    Aussitôt formulée la proposition mentale génère des hypothèses bénéficiant de tous les paramètres disponibles à ce niveau de conscience. Il ressent une production d’énergie à proximité immédiate, l’émergence d’un pouvoir qui les concerne directement, et il va s’exprimer.  S'assurant de ne pas opposer une volonté porteuse de stéréotypes inadéquats dans une séquence toujours immatérielle. C’est en toute liberté qu’il prononça un accord.

     

    - Viens.. Il fit.

     

    Puis il ne se retourna pas vers la source d'intelligence, venant de découvrir l'inutilité de raisonner en un pareil terme tandis qu'il est dépourvu de masse physique.

     

    - Alors tu es un Esprit Sain.. Il pensa.

     

    - Exact.. je ne connaitrai jamais la matière.. les éclaireurs sont ici pour vous piéger, on leur a promis votre énergie en échange de cette trahison..

     

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    Le monde n’avait plus de forme quand le Nagual émergea dans la conscience. L’extrapolation imaginaire propose néanmoins un caractère aussi réaliste que l’ancien ordinaire de par son origine moderne, des cerveaux à la conscience élargie contenant désormais assez de spéculations artistiques ou scientifiques pour s’adapter à toutes sortes d’étrangetés. Dans ce cas précis la préparation mentale provient en droite ligne du cinéma contemporain, Tron ;. Volets un et deux, mais il ne s’agit que de schémas, la consistance spirituelle étant d’une qualité supérieure. Néanmoins l’effet de dématérialisation fonctionne et permet aux esprits de sauter de la première dimension à l’autre sans se désagréger, un raccord simple et salvateur. Le tube numérique aboutissait dans une couche qui se révéla moite et grésillante, comme imbibée de liquide conducteur. La sensation fut celle d’une structure cotonneuse, forcément une hérésie puisqu’il flottait dans l’espace. Il ne voit rien de précis à la sortie du tube, puis des lueurs s'échappant d’autres tubes et qui semblent désorientées pour certaines, avant qu’il Pense.. Ce sont nos Frères.. Les lueurs perdues perçurent immédiatement d’où venait l’appel, et s’agrippant à d’autres moins fragiles retrouvent très vite le Cloud. Le Nagual vient de comprendre la nécessité absolue de générer un niveau de conscience collectif acceptable. Mais sa curiosité déjà est attirée par des lueurs étrangères quittant les tubes et qui se cantonnent au loin, évitant de s’approcher. Elles sont au nombre de cinq et d’une densité incertaine.

     

    - Nous sommes vos éclaireurs, Nagual.. laissez-nous entrer dans votre Cloud..

     

    - Qui vous envoie, et que savez-vous de nous;. il leur répond..

     

    - Vous êtes ni morts ni vivants... dans une partie qui se joue depuis les premiers temps, le scénario vous a sauvé, et maintenant à nous de vous guider,

     

    - Pour aller où ? il fit. Réalisant qu'il ne parlait pas.

     

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    Voilà maintenant ta vérité André.. et la raison de ce destin qui déjà ne te parait plus si étrange n’est-ce pas ?..

     

    André Fontemain observait les deux corps d’adolescents. Ils étaient inertes et il devina de quoi ils mourraient. Le premier est son fils Johan qui ne lui a jamais causé une grande inquiétude jusque-là, reconnaissant très vite aussi le second, Axel, l’aîné de son ami Bastien qui à l’instant même vient d’émettre un cri dans le bloc opératoire où une équipe complète du plus haut niveau a déjà baissé les bras arborant sur les visages de profondes traces, celles d’un effort qui dure depuis près de douze heures.

     

    • Il y a quelque chose… comme une vague sur tout le corps, de haut en bas.. si.. j'en suis sûr les gars… on arrête pas.. on arrête pas.. je vous en supplie… il leur faisait le visage en sueur.

     

    L’équipe médicale le contemple pétrifiée. Les huit hommes et femmes savent tous que le cycliste est mort depuis plus d’une heure, mais la terrible détermination de leur patron a quelque chose d’aussi sacrée que lamentable. Comme si une forme de superstition vient de remplacer dans son esprit la grande science médicale que tous lui connaissent.

     

    • Oui.. il est en vie.. .. même si l’électro est plat.. je comprends pas, mais j’en suis sûr..

     

    Il était en sueur et l’équipe toute entière eut pitié de lui. Néanmoins les dents serrées dans leur fatigue, ils reprenaient une agitation pathétique. Sans rechigner et s’efforçant d’y croire. Ils avaient un profond respect pour leur patron..

     

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