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    Une paire de bras puissants venait de le récupérer à son éjection du véhicule en flamme. Après quoi deux des flics le soulevèrent du sol pour l’éloigner. Le reposant sur un tas de sable humide et frais; Enfin le plus jeune qui s’y connaissait entreprit des exercices de respiration. Usant de toute son énergie.

     - On est infirmiers.. Nous connaissons ce monsieur.. il est malade… laissez nous faire..

     Jouant une dernière carte. Les hommes de Lambart se précipitaient.

     Un troisième flic les observa d’un œil torve. Quelque chose dans leur précipitation autant que l'allure lui sembla louche.

     - Vous le connaissez vraiment?.. Il fit. Ajoutant aussitôt.

     - Mes collègues sont formés aux premiers secours.. Ils vont s’en occuper.. Mais ne bougez pas d’ici;.. Où est votre voiture ?..

     Le policier fixa la Jaguar qui était loin de ressembler à une ambulance.

    L'asphyxié couché sur le flanc ahanait et crachait de toutes ses forces. Mais en quelques minutes il avait retrouvé l’essentiel de ses moyens. Dans son dos montait de la fumée noire. Une colonne âcre s’échappant du bûcher funéraire. Des craquements sinistres comme des lamentations. La fabuleuse Mercedes rendait l’âme et geignait.

     …. Vous pouvez me dire votre nom ?…

     S’enquit d’une forte voix un policier. On lui avait enseigné qu’il était bon de parler ainsi durant un sauvetage.

     Ohouuiii.. Gémit l’homme avec des grumeaux aux lèvres.

     

    …… Je m’appelle Barenheim…. .. Joseph BARENHEIM

     

     

     

     


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    La fumée traversait la vitre de séparation et l’asphyxiait. Il entendait à peine les coups au dehors sur la carrosserie. Quand un nuage de mousse recouvrit les vitres. Celui d’un extincteur aux mains des infirmiers. Une tentative qui se révéla dérisoire. A l’intérieur les flammes consumaient les tissus et les plastiques. Une odeur poignante de chair brûlée lui tordait le cœur. Wilfried en était réduit à se masquer la bouche. S’empêchant de respirer. Son cerveau lui-même défaillait. Puis soudain il se vit à nouveau quittant l’enveloppe charnelle. Avec l’impression comme la première fois de fuir par une seule plaie. Celle de la tempe droite. Il se retrouva aussitôt hors du véhicule, surplombant la scène. Simultanément curieux et indécis. Il apercevait des automobilistes qui accourraient depuis la route. Puis au loin une voiture de police qui venait d’enclencher sa sirène. Sans doute de passage ils tombaient en plein sur l’incendie. Hésitant quand le ciel s’assombrit. Il pressentait déjà qu’un long tunnel devait remplacer l’actuelle réalité. Mais une nouvelle émotion le prenait. Découvrant un avenir dans lequel une tâche immense l’attendait. Il avait un plan pour une vie entière et c’était une forme de miracle. Entre le ciel qui se refermait et la scène du bas il lui fallait choisir au plus vite. Au ras du sol il entendait les hommes criant leur désespoir. Roger Wilfried évalua que rien n‘était encore joué. S’il parvenait à réintégrer son corps ceux là se dépêcheraient de le tirer d’affaire. Quand aux sbires de Lambart ils se verraient neutralisés. Mais une inquiétude sans commune mesure avec ces faits l’emplit. Celle de retrouver l’esprit.. De L’autre.. Dans Le Seul Corps disponible.. Alors comme la première fois. Il plongea vers celui-ci.

    - Je suis celui qui peut lever les malédictions.. Il hurla ..

    Il venait d’avoir le plus grand mal à reprendre sa place. Un obstacle nauséeux la lui avait disputé. L’esprit sans forces du fils de Théodore Barenheim. Retrouvant un corps agité qui revenait tout juste à la vie.

    - Oui.. Oui.. Faisait péniblement la voix du professeur.

    - Oui QUI ?.. Il grogna sur un ton coléreux.

    De sa bouche s’échappait un flot de bave et d’immondes grumeaux.

    .. Oui.. Monsieur.. Barenheim.. Fit Lambart dans le haut parleur qui crachotait et à son tour rendait l’âme. Avec sa voix au comble de la panique.

    Roger Wilfried parvint tout juste à ouvrir la portière avant de se laisser choir à l’extérieur. ..

     

     


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     Il se retourna et aperçut non loin une modeste supérette. Il entreprit aussitôt de la rejoindre ayant pris soin de fermer la voiture. Vingt minutes plus tard il était de retour portant une petite jerrican de plastique remplie de pétrole. Dun geste il ouvrit la porte arrière et aspergea la banquette du pétrole de chauffage. Il eut le sentiment dentendre une plainte qui montait. Mais lodeur surtout, lui parut insupportable. Soudain il agrippa la vitre de séparation du compartiment et la referma avec force. Cassant la goupille qui la maintenait aux deux-tiers ouverte depuis dix ans. Puis il sortit le briquet acheté quelques minutes plus tôt et enflamma le combustible avant de claquer la portière. Enfin il entreprit de séloigner du bûcher. Se frottant le visage comme pour se réveiller. Seulement un bruit de freins lui fit relever la tête et il découvrit la Jaguar blanche du professeur qui déboulait à toute allure. Il constata aussi que Lambart ny était pas. Elle ne contenait que les trois infirmiers gorilles qui avaient déjà tenté de le coincer dans le parc. Ils en surgirent sans perdre une seconde, tel un commando de choc. Lun deux agrippant la fameuse trousse bleue qui à nen pas douter contenait la seringue destinée à le mettre KO.

    Non.. Râla Wilfried.

    Il reflua précipitamment. Pendant que les trois types cavalaient sur lui. Il aurait pu lire sur eux lenvie qui les rongeait. Une soif de revanche qui leur sortait des yeux. Mais il sen abstint et sengouffra dun bond à lavant de la Mercedes. Bloquant aussitôt les portières.

    - Monsieur Wwiilllfriied Je vous en ssuuppliie;.. Répponnnddeez;.. la voix plaintive de Lambart crevait les haut-parleurs. Elle navait pas cessé dimplorer durant tout ce temps.

    Il pouvait au travers des mots se rendre compte de la terreur qui le saisissait. Déjà la fumée envahissait lhabitacle. Tandis quà lextérieur les infirmiers cherchaient à forcer les portières. Lun deux ramassa un pavé et tenta de casser une vitre. En vain. Cétait du verre blindée à lépreuve des balles, et navait que faire dun misérable caillou.

    - Monsieur Wilfried.. Jentends des flammes;.. Quelle folie avez-vous faite ?..

    Il sécria au comble de langoisse.

    - Ils vont me tuer monsieur Wilfried.. Vous le savez..

    - Je sais très bien Lambart.. Mais .. . fallait réfléchir avant.. Ahh.. Ah

     

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    Roger Wilfried poussa un long cri et tenta une manœuvre désespérée. Apercevant un terrain dégagé sur sa droite il braquait aussitôt le volant en même temps qu'il envoyait de grands coups d'accélérateur. La limousine sauta sur des pierres. Bondissant d'un trou à l'autre sur la route en construction. S'enfonçant entre deux engins de chantier. Se dirigeant vers un tas de sable dans lequel elle échoua comme un obus. Elle y plongeait jusqu’à hauteur de l’aile avant et son pilote réunit ses dernières forces pour ouvrir la portière. Mais incapable de se redresser il tombait lourdement au sol. Crachant et grognant. Avant de vomir les nombreux cafés engloutis depuis son départ. Il se retrouvait à genoux et entendait rugir l’océan en contrebas. Tout autour le chantier vide se dressait comme un cimetière. Se relevant enfin pour chercher du regard la douceur du ciel. Avec à ses côtés la vieille Mercedes gisant immobile. Il scruta la vitre arrière. Cherchant à savoir si l’esprit de Joseph Barenheim pouvait lui-même l’observer à cet instant. Il pensa que non. Dépourvu de corps ce n’était plus qu’un instinct. Mesurant ainsi pour la première fois sa propre chance. ..

     

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    A cet instant il ressentit une violente douleur sur sa tempe. A l’endroit exact qui avait été enfoncé lors de l’accident. Puis aussitôt après un souffle brûlant le pénétrait. Chaud et rapidement anesthésiant. Il tenta de crier sans succès. Sa gorge ankylosée ne répondait plus. Ses mains ne tenaient le volant que par un effet nerveux. Très vite un voile vint lui obturer la vue. Il savait déjà que l’esprit de Barenheim tentait un retour en force dans ce corps qu’il guettait obstinément depuis dix ans. Le chauffeur fit front de toute sa volonté. Bavant et grimaçant.

    - .. Tu vas crever avec moi.. Il glissa entre ses dents. La piteuse Mercedes tanguait sur la route surplombant la falaise.

    - Nooon.. Vous allez périr tous les deux.. .. S’écria Lambart, qui avait tout compris et suivait la scène impuissant.

    Mais le chauffeur n’y pouvait rien. Il ne faisait que lutter pour sa survie. Quand à la voix affolée du professeur, elle ne lui était d’ aucun secours. ..

     

     


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