• Le Nagual vit que le monde était sans limites. Il pensa que c’était bon pour lui, et fêta l’évènement avec un verre d’eau du robinet de la salle de bain. Elle était fraiche et savoureuse. Il traversait le couloir à pas de loup évitant de réveiller qui que ce soit dans la maison entre la mansarde et la salle d’eau. Il venait juste d’avoir seize ans et le plancher craquait par endroits. Son cœur restait plat sans aucun signe particulier après l’affirmation de cette découverte. Jugeant sobrement la victoire. Se contenant aussi de mesurer le chemin encore à parcourir avant de triompher de la nature humaine minée d’erreurs et d’innombrables pièges. Devant le miroir de la commode il observa les filaments d’énergie qui tardaient à se dissoudre. Il revenait de son second voyage, suivant cette fois un protocole plus précis de validation qui lui avait démontré les vrais fils de la réalité, quelques secrets de base de l’univers. Quoiqu’il n’était pas dupe. Toute son histoire depuis la plus petite enfance présentait trop de similitudes avec des classiques de la littérature pour imaginer que le seul hasard dirigeait son destin. Il devinait au travers des indices nombreux et opportuns qu’un personnage lui était échu, comme le définissait la théorie du temps complet, un des thèmes marquants de Nucléus. Mais il est d’accord à présent pour échanger son statut générique,  _ simplet proche de l’autisme aux capacités évolutives limitées_ selon les psychologues, pour celui co-écrit avec un bénéfactor sorti du néant et dont il ne verra sans doute jamais le visage. Tout était parti d’une minute de chance aux ramifications extraordinaires. Sous des lampions crépitant juste après les caisses en plein milieu du hall commercial de l’hypermarché. Un samedi où la famille faisait les courses et pour une fois on le prenait avec; sans doute pour donner un coup de main à porter les paquets. Une tombola gratuite était organisée et chacun pouvait tenter sa chance en remplissant une grille qui allait finir dans une urne transparente. Un tirage toutes les heures. Le premier prix consistait en un ordinateur portable dernier cri. Le ticket sorti au tirage portait le nom d’Henry, et même s’ils crevaient de rage, personne n’osa lui piquer l’appareil, ce qui était une sorte de miracle. Mais l’oncle Jo y était pour quelque chose certainement, descendu passer le Week-end il les accompagnait. Les miracles eux-mêmes résultent de nombreux facteurs si on prend la peine de les étudier. ..

     

     

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  • Jason le frère d’Henry n’était peut-être pas mauvais par nature. C’est du moins ainsi que je souhaitais voir démarrer l’histoire. Ne voulant pas rajouter du pathos mais simplement chercher un relief propre à éclairer l’arrivée du Nagual. Ce n’est d’ailleurs que dans la seconde partie de l’enfance, vers les huit neuf ans que Jason et sa sœur Maude débutèrent la période perfide qui scellait pour toujours le sort d’henry. Alors l’handicapé.. c’est pour aujourd’hui ou pour demain que tu ramasses les feuilles du jardin, p’pa y dit que t’es pas né du saint esprit, ça c’est sûr qu’il a raison.. ih ih.. Henry remonta son col de sweet, le froid d’un coup le piquait comme si l’automne finissant tenait à mettre son grain de sel au cafard. J’y vais, t’inquiètes, j’assure ;. Tu le diras à p’pa, que j’ai nettoyé le jardin.. il fit en trainant ses pattes vers la remise. Pauv’con ..marmonna Jason en le voyant s’éloigner. Il était lui le fis naturel du fameux p’pa et cette qualité depuis qu’il en avait pris conscience le gonflait d’orgueil. Mais l’esprit simple et lent de son frère d’adoption était une source d’inspiration trop facile ce qui finalement le contrariait. D’où ce « pauv’con » devenu une sorte de rituel après chaque admonestation. C’est à la tombée de la nuit que rentrait Maude, de retour du cours de danse. Henry sourit en se frottant les mains. La vue de sa sœur d’adoption avait depuis quelques temps un effet magique. A douze ans elle changeait rapidement, presque d’un jour à l’autre et Henri remarquait depuis peu qu’elle laissait une nouvelle odeur sur son passage, comme une trainée de roses. T’es là toi.. Lâcha platement Maude alors qu’elle ne lui rendait pas son sourire. Il s’obstinait néanmoins dans cette posture pitoyable appuyé sur le long balai aux poils durs. Tu fais quoi ce soir Maude.. il demanda d’une voix joyeuse. Ppt.. chais pas, qu’est-ce tu veux que je te dise ;. Au ciné avec Dorian et ses cousines t’être ;. Chuis pressée, excuse.. Il manque de lui demander s’il peut les accompagner, quoique il sait par les seules vibrations de son cœur qu’une telle chose relève d’un méchant rêve. Le soir humide le prend. ..

     

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  • Il persévéra jusqu’à ce que tous les siens se soient rechargés à bloc. Les mots le quittaient comme des trainées d’argent que ses frères ingéraient tandis qu’ils prononcent dans un synchronisme parfait les versets de la première et seconde apocalypse que Jacques le disciple écrirait douze milliards d’années terrestres au-delà. Un éclair gigantesque frappa le vaisseau rond en forme de soucoupe. Hom leva les membres supérieurs et poussa un long cri inarticulé. Leurs matrices qui devaient encore se découper selon un schéma nerveux recevaient le choc électrique et palpitèrent ce qui provoqua une réaction innée. Tous reprirent le cri en découvrant la douleur. Cette douleur était la première manifestation non spirituelle ressentie dans la nouvelle fréquence. Une preuve de vie.. .

     

    – Que peut être l’inconnu non humain ?

    – Être libre de notre condition humaine. Des mondes inconcevables qui sont au delà de portée de l’homme, mais que nous pouvons néanmoins percevoir. C’est là où les sorciers d’aujourd’hui s’engagent sur le chemin de l’écart. Ils privilégient ce qui est au dehors du domaine humain. Et au dehors de ce domaine, ce sont des mondes complets, pas simplement le royaume des oiseaux                                                                  Juan Matus

     

     

                                           Acte 1  fin

     

     

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  • Il continua ses prières et le son s’articulait, se transformait en mots qui étaient le verbe de l’Ancien. Il voyait ses frères qui reprenaient leurs formes alors que leurs esprits se régénéraient tandis qu’ils s’enchâssaient dans le verbe.

     

    [ . ] et je n’ap]porte pas de souillure aux 15 serviteurs de sa v[olon]té

    que, moi, je me hâte de rendre libres.

    Et je veux les conduire au-dessus de celui qui veut dominer 20 sur eux.

    S’ils [sont] aidés, je suis le frère en se[cret]

     

     

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  • D’abord le son quittait sa bouche comme une trainée d’argent. Le son était visible, tel que le phénomène pouvait l’être à ce stade d’élaboration de l’univers. Les entités luttaient toujours pour fixer les lois fondamentales, et le son possédait encore une densité concrète.

     

                                 Tu es venu avec la connaissance

                                   pour corriger leur inconscience.

                                    Tu es venu avec la mémoire,

                                  pour corriger leur 10 ignorance.

     

                           Mais je me faisais des soucis à cause de toi.

     

                         Car tu es descendu vers une grande inconnaissance,

                             mais tu n’en as pas été souillé du tout.

                           Car tu es descendu vers une absence de souvenir

                                 15 et tu conservais ta mémoire.

     

                                  Tu as marché dans la fange

                                 et tes vêtements n’ont pas été souillés ;

                               Et tu n’as pas été enseveli dans leur bourbier,

                                 et ils ne 20 te saisisse…………….

     

     

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